Certains réseaux dits « sociaux » ont supprimé purement et simplement les comptes personnels de Donald Trump à la suite de son appel à « marcher sur le Capitol », compris par ses fans comme « envahir le Capitole », qu’ils ont donc pris d’assaut ce 7 janvier provoquant cinq morts. C’est le cas notamment de Twitter et de Facebook, très utilisés par le président pour gouverner le pays durant son mandat qui se terminera ce 20 janvier.
Les défenseurs de la « liberté d’expression », même ceux qui sont opposés à ce président, s’émeuvent que la décision d’une entreprise privée puisse ainsi influencer sur le débat public. En réalité la liberté d’expression du président Trump n’est en rien bafouée. Il peut faire autant de conférences de presse qu’il le souhaite et la presse accréditée rendra compte de ses propos. Il peut communiquer via le site internet de la Maison-Blanche (The White House) et, s’il a vraiment besoin de continuer à utiliser un moyen de communication de type Twitter, n’importe quel gamin un peu geek peut lui créer un réseau avec trois serveurs, deux logiciels libres et une bonne liaison par fibre dans un grenier et il n’aura plus à passer sous les fourches caudines d’un réseau ou d’un hébergeur, et personne donc pour le censurer !
Au-delà de ce psychodrame de peu d’intérêt, le monde est en train de découvrir la puissance de ces fameux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Microsoft et Amazon, et sans doute quelques autres). Grâce à leur phénoménale capacité d’innovation ces entreprises ont surfé sur l’économie libérale qui leur a permis de grossir et d’atteindre une situation de monopole. La théorie économique explique doctement qu’une entreprise qui atteint une taille de monopole ne joue plus avec les règles de la concurrence, écrase son secteur et perd ainsi sa capacité à innover. C’est la raison pour laquelle cette même théorie prévoit également des règles anti-trust pour rétablir le bon fonctionnement de la concurrence. L’exemple le plus marquant de cette politique fut le démantèlement du monopole des télécommunications d’AT&T (American Telephone & Telegraph) aux Etats-Unis dans les années 1970’.
En réalité, la censure que peuvent exercer les GAFAM et assimilés sur les réseaux dits « sociaux » qu’il contrôlent n’est qu’une toute petite partie émergée de l’iceberg et finalement de peu d’importance lorsqu’on voit le niveau « de caniveau » des messages qui y circulent. C’est un peu comme fermer le Café du Commerce du coin de la rue, la pensée survivra et s’en portera sans doute mieux. Limiter la diffusion de messages sur Twitter ce n’est pas nuire à la liberté d’expression, c’est au contraire rétablir l’exigence d’intelligence !
En revanche la capacité technologique des GAFAM à tracer nos vies numériques et en stocker tous les évènements est bien plus effrayante. L’économie libérale ferait sans doute bien de sérieusement réfléchir à l’opportunité de démanteler ces mastodontes du numérique, d’une part d’un point de vue sociétal, mais aussi afin de rétablir les conditions d’une saine concurrence présentée comme le Graal par la pensée économique capitaliste.