Sortie : 2020, Chez : NRF Gallimard poèmes.
Urgence : c’est le premier sentiment qui vient à l’esprit du lecteur du recueil de poèmes d’Alicia Gallienne décédée en 1990 à 20 ans d’une maladie de sang. Consciente de son état après avoir assisté au décès de son frère Éric, du même mal, lorsqu’elle avait 7 ans, elle a composé des centaines de poèmes, saisie par cette urgence vitale d’écrire avant que sa plume ne s’éteigne comme elle en saisissait la possibilité.
Issue d’un milieu favorisé, nourrie aux meilleurs auteurs et poètes de la littérature, sautant des fêtes parisiennes à ses études de lettres, alternant Cyndi Lauper et Jean Genet, elle passe ses nuits à écrire des mots qui coulent de son âme comme un flot furieux. Il est question d’amour, de partage, d’émerveillements, de doutes, de fragilités, d’Éric ; peu de son propre sort sinon par quelques pudiques évocations. Mais il y a surtout la longue obscurité de la nuit dans laquelle Alicia noircit les pages d’une écriture fiévreuse par peur de ne pas arriver à graver l’explosion permanente de ses sentiments, souvent tragiques.
Le style n’est sans doute pas des plus académiques mais l’émotion du lecteur est d’autant plus intense devant ce flux ininterrompu et saisissant des mots, tellement matures et poétiques. Quel incroyable embrasement de sentiments pouvait ainsi saisir l’esprit de cette jeune femme ? Quel fulgurant talent lui a permis de les partager ! 30 ans plus tard, Sophie Naulleau, éditrice, qui n’a jamais connu Alicia Gallienne, approchée par Guillaume Gallienne, cousin d’Alicia, décida qu’il fallait publier une sélection de ses poèmes, composée de près de 400 pages… Hommage à une étoile filante. Grâce lui soit aussi rendue !
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