Un départ de l’armée française du Mali pour bientôt ?

Colonel Assimi Goïta – président de la République du Mali

A la suite du deuxième coup d’Etat galonné au Mali en quelques mois, les désaccords entre la France et ce pays du Sahel s’accentuent. Toujours ravagé par le terrorisme religieux malgré plus de 5 000 militaires français, avec armes et bagages, dans la région, le Mali prend ses distances avec Paris. Le premier, qui est chez lui, prône un rapprochement avec les terroristes religieux qui sont au cœur de sa population quand le second les combat.

La France vient de « suspendre sa coopération militaire » avec le Mali sans que l’on sache exactement ce que cela veut dire mais l’armée française, légèrement aidée par d’autres armées européennes, continue à agir militairement dans ce territoire étranger sur lequel elle a été « appelée » à la rescousse en 2012 par le président de l’époque. C’était il y a dix ans et il va falloir tourner la page. Outre les changements politiques en cours, les populations commencent à se demander à quoi sert ce déploiement d’armées étrangères sur son sol.

Comme les armées occidentales sont en train de finir l’évacuation de leurs troupes de l’Afghanistan après 20 années de guerre, les militaires français vont devoir quitter le Mali. Dans les deux cas, un pouvoir religieux plus ou moins violent va reprendre les rennes, marquant ainsi la défaite stratégique des occidentaux qui combattaient sur place justement pour éviter une telle hypothèse. L’Histoire contemporaine l’a montré à de nombreuses reprises : il est difficile de maintenir longtemps une armée étrangère sur un territoire, quelle que soit la raison de son intervention, contre la volonté de son peuple et de ses autorités. Les Russes et les Turques vont aussi le ressentir un jour en Syrie…

Une fois les troupes françaises et européennes évacuées du Sahel, il adviendra ce qui doit advenir. Si les peuples veulent être gouvernés par la religion, qu’il en soit selon leur volonté. Les économies ainsi réalisées par la France pourront être utilement redéployées, soit pour rembourser partiellement les dettes abyssales de l’Etat, soit pour renforcer les frontières européennes qui deviendront des points sensibles si des gouvernements religieux extrêmes prennent le pouvoir dans les pays du Sahel.