CAVANNA François, ‘Les Ritals’.

Sortie : 1978, chez : Belfond / Le Livre de Poche 5383.

Les aventures désopilantes de Cavanna (1923-2014), gamin de la banlieue-est de Paris à Nogent-sur-Marne, père maçon immigré italien ne sachant pas écrire, mère française, racontées à la première personne qui vont mener cet enfant joyeux et observateur à devenir un brillant journaliste-écrivain, cofondateur de Hara-Kiri puis de Charlie Hebdo au cynisme affiché et à la dérision permanente.

« Les Ritals » c’est sa vie entre 6 et 16 ans, dans les caniveaux de Nogent, les caves avec les copains, les filles dans les rues, les chahuts à l’école, la picole de papa, les anciens combattants qui ont battu les boches et dont certains sont revenus salement estropiés, la solidarité de toutes ces familles italiennes venues faire la maçonnerie que les Français ne voulaient plus faire, un avant-goût de la lutte des classes entre immigrés et natifs, l’ascenseur social avec la passion de la lecture qui s’empare de lui dès le plus jeune âge, et c’est aussi l’histoire de l’immense et envahissant amour familial du trio qu’il compose avec ses parents, un amour bruyant, qui parle à l’italienne avec les mains, excessif mais indestructible.

Ce récit, écrit à 50 ans, le fut avec le célèbre style de Cavanna, bougon, simpliste en employant un langage de gamin, mais développant des idées bien plus sophistiquées qu’il n’y parait. Il raconte son enfance comme il a chroniqué la progression de sa maladie de Parkinson dans les colonnes de Charlie Hebdo à la fin de sa vie, avec un humour dévastateur et une tendresse infinie.