Scipione Caffarelli-Borghèse (1577-1633), cardinal, neveu du pape Paul V (Camille Borghèse), fit construire la villa Borghèse qui deviendra galerie du même nom, réunissant une richissime collection d’œuvres d’art : sculptures helléniques, romaines, de Gian Lorenzo Bernini, peinture du Caravage, de Raphaël, Bruegel, Rubens, Titien…
La première pièce de ce magnifique musée expose une exceptionnelle sculpture en marbre signée Canova représentant la sœur de Napoléon (1780-1825), Pauline, mariée en secondes noces au prince Camille Borghèse. La subtilité des détails est stupéfiante de réalisme, les plis du matelas sous le poids de la princesse, le galbe du corps… On a du mal à imaginer que tout cette beauté est partie d’un bloc de marbre brut.
En cheminant dans les vastes salles on découvre aussi comment l’art baroque, né en Italie à la fin du XVIème siècle, a introduit le mouvement, l’exubérance des formes, la couleur et les effets dramatiques dans tous les domaines artistiques. Dans la galerie, de nombreuses sculptures de Bernini (1598-1680) permettent de comprendre cette évolution. Artiste favori de Scipione Borghèse il produit au début du XVIIème des sculptures éblouissantes exposées ici. Il sculpte le marbre comme de la pâte-à-modeler et produit des œuvres sublimes d’une incroyable maturité avant même d’avoir passé ses vingt ans. Il illustre à merveille, dans son domaine, le passage de l’art de la Renaissance au baroque dans la sculpture.
Les aléas de la famille Borghèse poussèrent Camille, beau-frère de Napoléon, époux de Pauline, à vendre la collection familiale à l’Etat français en 1807. Il en récupèrera une partie après la chute de l’Empereur, avant que l’Etat italien ne rachète l’ensemble en 1902 à une famille en mauvaise santé financière.
Le bâtiment abritant cette extraordinaire collection est située au faîte d’une colline boisée deminant la Piazza des Polulo. Aujourd’hui, une exposition temporaire de Damien Hirst est mixée dans le musée et vient se heurter aux œuvres baroques qui constituent ce palais d’une incroyable richesse. Les inspirations baroques des époques s’entrechoquent et donne à ce curieux mélange son aspect flamboyant.
Le dernier Borghèse dont on ait entendu parler fut Junio Valerio Borghèse (1906-1974), officier sous-marinier sous Mussolini, ayant poursuivi le combat aux côtés des Allemands, fut condamné après la dernière guerre. Libéré en 1949, il se recycla dans l’extrême droite et aurait même été impliqué dans une tentative de coup d’Etat en Italie en 1970.
Voir aussi : Rome