L’Algérie tout en subtilité

Toujours engluées dans leur conflit sur l’Histoire coloniale, l’Algérie et la France, anciens ennemis d’une guerre de décolonisation sauvage, continuent leur dialogue de sourds par l’intermédiaire de communiqués agressifs et de cérémonies expiatoires, d’un côté et de l’autre de la Méditerranée, sur fond de flux migratoires du sud vers le nord.

La dernière saillie algérienne vient de la bouche du président algérien qui a appelé le ministre français de l’Intérieur Moussa Darmanin, accusé par ailleurs de restreindre l’octroi de visas français aux citoyens algériens. Gérald Darmanin porte effectivement le second prénom de Moussa, donné par ses parents en hommage à son grand-père paternel, Moussa Ouakid, ex-tirailleur algérien intégré dans l’armée française et résistant durant la seconde guerre mondiale.

Pas sûr que le climat n’avance vers l’apaisement… Pour paraphraser le président Mitterrand qui, en d’autres temps, avait dit « les pacifistes sont à l’ouest et les SS20 [missiles soviétiques installés en Europe de l’est et tournés vers l’occident] sont à l’est », on peut dire que « l’autoflagellation est au nord, mais l’ironie est au sud ».

La suite au prochain numéro.

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On a également entendu récemment l’ambassadeur d’Algérie en France appeler la diaspora algérienne dans son pays de résidence à constituer « un levier de commande » pour agir sur la politique française :

« Il est inadmissible que l’Algérie qui possède la plus grande communauté étrangère en France avec 18 consulats, ne puisse pas constituer un levier de commande pour intervenir non seulement dans la politique algérienne, mais (aussi) au niveau de la politique française », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que « l’Algérie a besoin de tous ses enfants ».

https://www.aps.dz/algerie/128872-daoud-souligne-l-importance-d-encourager-les-algeriens-etablis-en-france-a-investir-dans-leur-pays#:~:text=%22Il%20est%20inadmissible%20que%20l,sur%20le%20fait%20que%20%22l

A l’image de la Turquie qui appelle sa diaspora en Europe à faire des enfants pour accroître son influence, l’Algérie cherche à peser sur la politique française. Il faut bien faire avec ce genre de comportements tout en cherchant à en minimiser les effets délétères. C’est également l’une des conséquences de ce concept trouble de la double ou triple nationalité. Quand on a plusieurs passeports, quelle est sa nationalité de préférence ? De quel pouvoir va-t-on suivre les directives ? L’Algérie n’aime pas beaucoup la binationalité et empêche ses binationaux d’accéder à certaines hautes fonctions administratives, mais cela ne l’empêche pas de jouer avec le concept lorsque cela peut servir ses intérêts.

Ainsi vont les intérêts sacrés des nations.