Sortie : 1977, Chez : Editions du Seuil / POINTS P443.
Margarete Buber-Neumann (1901-1989) fut une militante communiste allemande. Exilée en Union soviétique, sa seconde patrie, dans les années 1930, elle sera victime des purges staliniennes, condamnée à 5 ans de camp pour « activités contre-révolutionnaires ». Au bout de deux ans de goulag au Kazakhstan elle est remise par le NKVD (la police politique stalinienne) à… la gestapo dans le cadre de l’accord germano-soviétique et elle passera cinq ans dans le camp de concentration de Ravensbrück.
Au cours de son internement par les nazis, elle fait la connaissance de Milena Jesenka (1896-1944), journaliste tchécoslovaque engagée qui fut amie de l’écrivain Kafka (1883-1924) et fréquenta le monde intellectuel et politique de Prague et de Vienne dans l’entre-deux-guerres. A priori dotée d’une personnalité charismatique Milena noue immédiatement une forte amitié avec Margarete. Ensemble elles affrontent la barbarie nazie de Ravensbrück et se promettent, si elles s’en sortent, d’écrire un livre à quatre mains pour témoigner.
Milena meurt d’épuisement et de maladie avant la libération du camp, Margarete tint leur promesse commune et publie sa première biographie en 1977. Ce livre n’est pas centré que sur Ravensbrück (sur lequel Margarete a écrit un autre récit) mais sur la vie de Milena, happée par les suites de la première guerre, la recomposition de l’empire austro-hongrois et la montée du nazisme qui n’eut de cesse que de contester cette recomposition et notamment la création de la Tchécoslovaquie intégrant d’importantes minorités allemandes et hongroises. On connaît la suite, les accords de Munich autoriseront Hitler à envahir la Tchécoslovaquie en 1939, le vrai début de la seconde guerre mondiale…
Milena traverse ces temps, épouse divers malotrus, aura une fille de l’un d’eux, se rapproche de Kafka, lutte pour la survie de son pays, de ses amis, juifs ou opposants politiques, voire les deux, mais elle se heurte à plus fort qu’elle et les nazis la feront taire. Elle continue la lutte au sein de camp de concentration avant d’être emportée par la maladie au cœur de la barbarie allemande du XXème siècle.