« Pinault collection » à la Bourse de Commerce de Paris

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Passionné par l’art contemporain auquel il consacre une partie de sa fortune et de son temps, l’homme d’affaires breton François Pinault (85 ans) a investi l’ancienne bourse de commerce de Paris pour y exposer les artistes qu’il chérit. Un accord passé avec la mairie de Paris a permis à cette municipalité de racheter le bâtiment à son propriétaire de l’époque, la chambre de commerce et d’industrie, puis loué à Pinault pour 50 ans. Celui-ci a pris en charge les travaux de rénovation confiés à l’architecte japonais Tadao Andō et le résultat est intéressant avec la construction d’un vaste cylindre de béton qui cerne le rez-de-chaussée sous une magnifique verrière et une fresque en circonférence placée sous celle-ci symbolisant les différents continents du monde et le commerce mondialisé, notamment celui des colonies et de l’esclavage…

Les expositions présentées sont évidemment contemporaines, voire très contemporaines ! Dans l’auditorium est projeté un film d’une interview de François Pinault qui fait par de l’émotion qu’il éprouve régulièrement devant les œuvres qu’il acquiert en espérant toujours que c’est celle de « demain matin » qui déclenchera la passion la plus profonde à faire partager à ses visiteurs qui restent parfois un peu dubitatifs devant ces œuvres.

Il est éminemment sympathique que cet homme de business réinvestisse une partie de sa fortune dans l’art plutôt qu’à Wall-Street, ce qu’il doit faire aussi. Cette fonction de sponsor de l’art satisfait certainement aussi l’égo de son initiateur, le nombre de fois où le nom « Pinault » est cité ou écrit est impressionnant, mais c’est sans doute la rançon à payer pour le voir investir le secteur de l’art où les moyens de l’Etat sont plus limités.

On voit aujourd’hui les œuvres de Bertrand Lavier, des objets exposés dans les vitrines du rez-de-chaussée, un aspirateur On voit aujourd’hui les œuvres de Bertrand Lavier, des objets exposés dans les vitrines du rez-de-chaussée, un aspirateur superposé sur une armure, un Karcher, un miroir obscurci par les traces d’un nettoyage au savon, etc. ; celles de l’Américain David Hammons : un panneau de basket converti en lustre, un tapis de sol constellé de tâches chewing-gum et présenté sur fond bleu-nuit comme s’il était une constellation de galaxies, trois chats (naturalisés) dormant au sommet de trois gigantesques tambours africains, etc. ; un film de Stan Douglas montrant le processus créatif de la composition d’une œuvre musicale jazz-funk-afrobeat durant six heures et dont les séquences sont projetées selon un classement déterminé par un ordinateur ; les photos noir-et-blanc du japonais Nobuyoshi Araki à qui la mort de sa femme semble avoir inspiré des clichés érotiques.

Les toilettes du rez-de-chaussée sont « non binaires », trois portes s’offrent aux visiteurs : « H », « F » et « H/F ». Un médiateur guide les indécis.