« Alberto Giacometti – André Breton, Amitiés surréalistes » à l’Institut Giacometti

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L’atelier de Giacometti (1901-1966) était sis rue Hippolyte-Maindron dans le XIVème arrondissement de Paris. Revendu par sa veuve le lieu n’a plus de lien avec l’artiste ou sa famille mais une fondation à son nom est installée dans un magnifique hôtel particulier en style art-déco qui était utilisé par l’artiste-décorateur Paul Follot, rue Victor Schoelcher dans le même arrondissement, face au cimetière Montparnasse et à côté de la résidence où vécut Simone de Beauvoir, quelques numéros plus loin dans la même rue.

Institut de recherche sur l’œuvre et la pensée de l’artiste qui a participé au groupe du Surréalisme emmené par André Breton. L’atelier de Giacometti de 23m² est reconstitué à l’entresol et les autres pièces offrent une intéressante diversité dans leur décoration, servent de présentoir pour certaines œuvres et de présentoirs pour des lettres, des dessins et des livres mêlant Breton et Giacometti et leur « amitié surréaliste ». Il y a également de grandes bibliothèques remplies des écrits du mouvement et de Giacometti ; elles sont en libre consultation pour les visiteurs.

Evidemment, le surréalisme est une affaire de spécialistes. Le néophyte est rapidement dépassé par les concepts de ce mouvement poétique et artistique de l’entre-deux guerres définit par son leader Breton comme un :

« …automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale… »

Tout est dit…

On suit les étapes du surréalisme auxquelles participa Giacometti de près ou de loin. Tout ce petit monde est évidemment traversé par la révolution bolchévique et l’avenir radieux offert par l’URSS de Staline. L’affaire Aragon vient agiter le groupe : le poète, compagnon de route du parti communiste français, écrit un poème laudateur au retour d’un voyage en URSS ce qui entraîne son exclusion des surréalistes. Giacometti lui-même fera l’objet d’une exclusion le jour où il voulut sculpter des têtes à ses statuts., un impardonnable retour vers la culture bourgeoise…

Ces surréalistes furent des gens un peu étranges, les dialogues qu’ils maintinrent entre eux sont débridés mais on pressent qu’ils furent créatifs et annonciateurs de l’art contemporain. Eluard, Dali, Picasso, Giacometti, Miro, Ernst et bien d’autres ont approchés Breton et son mouvement. Avec de tels artistes, tout n’est sûrement pas à jeter dans le surréalisme même si l’on n’y comprend pas grand-chose !

L’exposition aujourd’hui commence par ce dialogue exposé au-dessus de la reconstitution de l’atelier du sculpteur :

Breton : qu’est-ce que l’art ?
Giacometti : c’est une coquille blanche dans une cuvette d’eau.
Breton : qu’est-ce que la tête ?
Giacometti : c’est la naissance des seins.
Breton : qu’est-ce que ton atelier ?
Giacometti : ce sont deux petits pieds qui marchent.