Un ex-journaliste sportif qui s’accroche à son rocher

Jean-Claude Dassier (80 ans aux fraises) est l’archétype de ce que la presse produit de plus inexistant mais qui occupe les écrans sans discontinuer. Après avoir débuté comme journaliste en charge de la circulation routière dans les années 1960, il a beaucoup œuvré dans le commentaire sportif et a même été désigné chef du club de fouteballe de Marseille durant quelques années, le tristement célèbre « OM » qui lui a d’ailleurs valu quelques problèmes judiciaires. Le garçon a fait le boulot pour lequel il a été payé durant sa carrière, rien à signaler sinon qu’il était sans doute plus porté sur le fouteballe que sur la littérature, mais il faut de tout pour faire un monde.

Le problème c’est qu’aujourd’hui, à 80 ans passé il continue à faire le pilier de plateaux télévisés quasiment toute la journée sur la chaîne CNEWS du groupe Bolloré. Habillé d’un éternel polo ras-du-cou sous une veste (comme cela devient d’ailleurs l’uniforme de nombre de journalistes, la chemise semble rangée au rang des accessoires d’un autre âge, la cravate, n’en parlons même pas) il est manifestement en surpoids ce qui devrait le pousser à la prudence en ces temps de coronavirus, surtout qu’il a tendance à s’emporter facilement faisant certainement monter ainsi sa tension artérielle. A force d’être assis il ne pratique plus l’exercice physique minimum nécessaire à son épanouissement. Et mange-t-il au moins cinq fruits et légumes par jour ?

Surtout, sa plus-value dans l’analyse des sujets est inexistante, il ne prépare manifestement pas les émissions auxquelles il participe, assène au mieux des platitudes consternantes, au pire des contrevérités tellement flagrantes que ses camarades de plateaux télévisés se croient généralement obligés de le corriger amicalement et respectueusement. Il doit lire les gros titres du Parisien sur son smartphone le matin avec son café au bistrot en allant promener son chien ce qui lui sert de revue de presse. Cela fait bien longtemps qu’il n’interviewe plus personne ni ne lit les dépêches des agences de presse. Il passe tellement de temps sur Télé-Bolloré qu’il n’en a plus pour s’informer à la source. Peut-être profite-t-il des nombreux flashs de publicité de cette chaîne pour collecter quelques informations auprès de ses collègues encore actifs en dehors du domaine sportif ?

Le garçon n’est pas fondamentalement mauvais, il est juste inutile pour le journalisme. Il ne sert même pas la cause conservatrice de son employeur. A 80 ans il n’a plus l’agilité intellectuelle qu’il déployait lorsqu’il était chef d’Eurosport. A priori personne n’ose le lui dire et lui suggérer de prendre une retraite bien méritée auprès de sa famille. Le groupe Bolloré lui laisse son porte-serviette sur CNEWS sans que l’on sache s’il est payé pour sa présence à l’écran (sans doute oui vu le temps qu’il y passe). Une solution serait de continuer à lui verser ce revenu à cumuler avec sa retraite pour le pousser gentiment à se retirer, sans doute le groupe Bolloré pourrait se permettre cette petite dépense pour la bonne cause : amener un peu plus d’intelligence sur ses plateaux et laisser la place aux jeunes journalistes qui largement aussi compétents.

Mais qui osera pousser l’éléphant en dehors de son parc ?