C’était une décision attendue tant elle était devenue inévitable : le gouvernement français a annoncé l’évacuation du Mali par son armée après neuf années de présence et de combats contre les rebelles religieux et les séditieux Touaregs, souvent mêlés d’ailleurs et réunis par une communauté d’intérêt pour lutter contre la France et forcer le pouvoir de Bamako à négocier avec eux. Ils obtiennent donc satisfaction et vont pouvoir désormais se développer plus librement et discuter avec un gouvernement militaire qui a d’ailleurs déjà commencé à le faire contre l’avis de Paris, notamment à l’occasion de la libération en 2020 de Mariam Pétronin, citoyenne franco-suisse enlevée par un groupe djihadiste local durant quatre ans et convertie à l’islam durant sa captivité.
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Le divorce est prononcé de façon nette. Il reste maintenant à l’exécuter en organisant le repli des troupes hexagonales avec le minimum de dégâts. On se souvient qu’en Afghanistan une négociation aurait été conclue en 2020 avec les rebelles religieux Talibans pour que ceux-ci n’attaquent pas les troupes occidentales qui ont fini d’être évacuées le 25/08/2021. Il se murmure qu’un accord du même ordre avait été convenu avec le chef de guerre Massoud, dit « commandant Massoud », lors de l’évacuation de l’armée rouge soviétique du même Afghanistan en 1989. Il ne serait pas incongru de procéder de la même façon au Mali afin d’éviter d’accroître encore la liste déjà longue des morts (53 militaires tués à ce jour) et des blessés français dans ces combats qui durent depuis 2013. Le pouvoir militaire malien semble suffisamment malin pour le comprendre. Il a obtenu avec adresse ce qu’il souhaitait, le départ de la France de son territoire, en procédant par petites touches et sans jamais formellement demander ni la révocation des accords de défense entre la France et le Mali, ni formellement le départ des troupes étrangères sur son territoire. Une habilité diplomatique inattendue de la part de Bamako et son gouvernement de galonnés dépenaillés.
Notons au passage que les accords de défense avec le Mali sont toujours d’actualité. Il conviendra donc que le gouvernement français prenne bien soin de les dénoncer rapidement afin d’éviter que Bamako ne puisse y faire appel un jour s’il retourne ses alliances.
Voici maintenant le Mali face à son destin et c’est bien ainsi. Il pourra choisir ses nouveaux amis : la Russie, l’Algérie, la Chine ou qui que ce soit d’autre. Comme pour l’Afghanistan aujourd’hui, le problème du financement de l’économie de ce pays en voie de développement va se poser dès demain. Gageons qu’après quelques mouvements d’humeur bien compréhensibles des occidentaux qui vont les pousser à fermer les robinets de leur aide financière au Mali, celle-ci reprendra sans doute assez rapidement, plutôt via les canaux multilatéraux, et les contribuables français continueront à payer pour le Mali, ce qui n’est pas un drame.
La France quant à elle va pouvoir rapatrier une partie de ses forces et réaliser ainsi des économies budgétaires bienvenues. Ces neuf années dans le désert malien auront finalement été, aussi, un formidable terrain d’entraînement permettant d’aguerrir cette armée à la guerre asymétrique dans les rudes conditions du Sahara, ce qu’elle fit avec un relatif succès opérationnel d’un point d’un point de vue strictement militaire.
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Nous suivrons avec intérêt les prochaines étapes de ce destin malien !