Sortie : 1774, Chez : Garnier-Flammarion (1968).
Le « Werther » de Goethe est le livre initiateur du romantisme, beau et triste comme une nocturne de Chopin. C’est aussi un premier roman, qui va lancer une œuvre fructueuse.
Werther est un amoureux transi confronté à l’amour impossible de Charlotte (Lotte) elle-même promise à Albert, un homme loyal et aimable. Sensible aux charmes de Werther avec qui elle partage le goût pour la poésie, Charlotte reste désespérément raisonnable pour le plus grand malheur de son amoureux résigné… Tout ce petit monde évolue dans les cours d’Europe à l’Est du Rhin, toujours entre deux bals et trois mondanités, ne semble pas surchargé par le travail ni les soucis domestiques et dispose de beaucoup de temps pour s’occuper de lui-même. Mais l’amour contrarié est source de souffrances incontrôlées qui vont pousser Werther jusqu’à mettre fin à sa vie avec le pistolet prêté par… Albert.
Goethe décrit scrupuleusement la montée du sentiment amoureux jusqu’à l’aveuglement, jusqu’à la déraison, lorsque le cœurse serre sans pouvoir maîtriser la montée des larmes ni l’oppression de l’âme. L’amour refusé que l’on ne peut sortir de ses pensées même si on le sait par trop délétère, celui qui pousse à nous vautrer dans la souffrance et le nombrilisme en repoussant le monde extérieur pourtant ensoleillé et multiple qui n’attend que nous pour continuer la mélodie du bonheur…
Qui n’est pas passé un jour par ce parcours amoureux tragique dont on croit ne jamais devoir sortir ? Heureusement, une minorité seulement y apporte la solution définitive choisie par Werther. Pour les autres, un peu d’énergie et de relativisme permet généralement de sortir de l’ornière, mais cela donne de moins beaux romans.