François Busnel, présentateur d’émission littéraire sur la télévision publique française, ami et admirateur du grand écrivain-poète américain Jim Harrison (1937-2016) a coréalisé et diffuse ce mois-ci un documentaire tourné sur son ami durant la dernière année de sa vie. C’est un film troublant qui montre Harrison physiquement à bout de souffle : se déplaçant avec peine, la bouche édentée, le cheveu hirsute, l’élocution difficile, je discours ralenti… pas sûr que ce fut le bon moment pour tourner ce documentaire qui ne donne pas une très bonne image de l’écrivain à ceux qui connaîtrait mal son œuvre.
La caméra filme Harrison dans ses pérégrinations à travers le Nebraska, le Wyoming, l’Arizona, le Montana, le Michigan, bref, dans toute cette Amérique des grands espaces qui a tant inspiré l’auteur qui commente les montagnes, les rivières, les arbres qu’il aime tant et qui le rassure. Il parle du triste sort réservé aux Indiens natifs par les colonisateurs européens devenus américains, de son combat contre les serpents à sonnettes qui ont tué l’un de ses chiens… Il cite René Char comme sa fidèle épouse depuis 54 ans. Il parle de sa passion pour ce qui se mange… et se boit. Il aborde peu son œuvre elle-même, c’est dommage.
Mais il faut retourner à cette œuvre grandiose et des romans qui sont de véritables épopées mêlant la nature « éternelle » aux personnalités complexes de ses héros dans l’Amérique contemporaine. Des tournages complémentaires étaient prévus au printemps 2016 mais Jim Harrison s’éteint le 26 mars de cette même année dans sa maison en Arizona.