Le Joe Jackson Band est de retour à Paris pour un agréable show. L’artiste britannique de 68 ans se présente derrière son piano, costume bleu électrique sur chemise jaune col pelle-à-tarte posé sur le col de la veste, cheveux blanc peroxydés sur front dégarni, un rire éclatant affiché en permanence et une virtuosité toujours flamboyante. Il démarre le concert avec trois morceaux extraits de Look Sharp, son premier disque en 1978 et trois morceaux de Fool, son dernier disque sorti en 2019. La boucle est lancée, c’est pétillant, joyeux, emmené, électrisant, c’est Joe Jackson ! Son groupe, Graham Maybe (bass), Teddy Kumple (guitare) et Doug Yowell (batterie) a été renouvelé mais sait rendre cette énergie post-punk dans laquelle le public de sexagénaires se replonge avec délices. Seul Graham Maybe fait partie du groupe d’origine et remporte d’ailleurs un franc succès d’estime avec son jeu de bass toujours aussi énergique et tranchant.
Après ces six premiers morceaux, ses compères du Joe Jackson Band quittent alors la scène décorée de lourdes tentures rouges et laissent leur leader seul derrière ses claviers pour des interprétations plus délicates dont une inattendue reprise du groupe suédois ABBA. Retranscrite par Jackson on en oublierait presque le côté poppy horripilant des Suédois bien passés de mode.
Le concert reprend ensuite en formation à quatre avec des classiques jusqu’au dernier morceau du rappel, Steppin’ Out, joué dans sa version lente, celle éditée sur le Live in Sidney, avec une longue introduction au piano, puis le départ progressif des musiciens avant que Joe n’abandonne ses touches pour venir saluer la salle avec une affection qui lui est bien rendue.
Joe Jackson a une bonne bouille, une bouche immense affectée d’un petit rictus qui crispe sa lèvre supérieure ce qui ne l’empêche pas de déployer sans retenue cette voix unique qui le caractérise. Il a surtout un talent de musicien hors pair qui a forgé parmi les très belles mélodies des années 1980. Et il inspire cette sympathie qui le rend irrésistible. Ses concerts sont un bain de jouvence et un grand bonheur musical.
Lorsque les lumières se rallument une musique de Joe Jackson est diffusée sur la sono de la salle et le batteur une fois extrait de derrière ses fûts affiche une magnifique paire de pompes blanches comme sur la couverture de Look Sharp.
Setlist : One More Time/ Big Black Cloud/ Sunday Papers/ Dave/ Look Sharp!/ Fabulously Absolute/ Solo (So Low) (Joe piano solo)/Real Men (Joe piano solo)/ Knowing Me, Knowing You (ABBA cover) (Joe piano solo)/ Love at First Light (Joe piano solo)/ The Blue Time/ Blaze of Glory/ Fool/ Sing You Sinners (Tony Bennett cover)/ Is She Really Going Out With Him?/ It’s Different for Girls/ I’m the Man
Encore : You Can’t Get What You Want (Till You Know What You Want)/ Steppin’ Out