« Ennio » de Giuseppe Tornatore

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Un très joli film documentaire sur le musicien italien Ennio Morricone (1928-2020) ; plutôt connu pour les bandes originales (BO) qu’il composa pour des films et qui sont devenues la bande-son des dernières décennies chez les cinéphiles et bien au-delà. Ce n’est sans doute pas la moindre de ses performances d’avoir écrit les musiques inoubliables de Pour une poignée de dollars, Il était une fois dans l’Ouest, Sacco et Vanzetti, Il était une fois en Amérique, Mission…

Ennio voulait être médecin ; son père, trompettiste dans un groupe qui passait dans les cabarets de Rome, décida qu’il serait également trompettiste. Ainsi fut fait et Ennio, inscrit au conservatoire fit des études de musique classique poussées, sous l’aile protectrice du compositeur italien Petrassi, puis commença à vivre de sa musique. A défaut de pouvoir exploiter commercialement ses premières compositions classiques, il s’oriente vers les arrangements pour radios et télévisions, écrit quelques chansons avant sa grande rencontre avec son compatriote réalisateur Sergio Leone (1929-1989). La reconnaissance viendra rapidement et il composera des centaines de BO pour, entre autres, Bertolucci, Pasolini, Joffé, Malick, Tarentino, de Palma, Lautner… et tant d’autres. Il ne délaisse pas pour autant la composition classique et, dans les années 1990 il renoue avec la direction d’orchestre et dirige ses œuvres.

Il a composé la musique de la célèbre Ballade de Sacco et Vanzetti dont le texte a été écrit par Joan Baez, est devenue un véritable hymne de la jeunesse des années 1970 engagée pour la lutte pour les droits civiques et contre la guerre menée par les Etats-Unis au Vietnam

Le guide de ce documentaire est une interview, sans doute réalisée dans les dernières années de sa vie. Il y revient sur son parcours et ses rencontres, confortablement installé dans un appartement romain dont on devine toute l’élégance. Il décortique sa vie et le processus créatif qui lui permit d’écrire tant de monuments de la musique cinématographique en jouant sur les bruits de la vraie vie, la diversité des instrument (dont la flûte, manifestement l’un de ses préférés), l’art du contrepoint et l’inspiration de ses grand anciens (Bach). On sent au fond de lui une petite frustration d’avoir si bien réussi dans ce domaine qu’il n’ose qualifier de « mineur » mais il s’en fait une raison à la fin de sa carrière, d’autant plus que sa notoriété l’autorisa aussi à commettre des œuvres classiques.

Ses propres mots sont complétés par les commentaires et appréciations de ses pairs, musiciens ou acteurs du monde cinématographique et culturel. On reconnaît notamment le rocker-poète américain Bruce Springsteen ainsi que Paul Simonon (ex-bassiste du groupe britannique The Clash).

Nous sommes en Italie alors l’émotion est toujours palpable. Et nous sommes en présence d’un véritable musicien à l’infinie créativité qu’il a mise au service du média cinéma avec un immense brio.