Nouveau coup d’Etat en moins d’un an au Burkina Faso : le capitaine putschiste Traoré remplace le lieutenant-colonel putschiste Damiba investi en janvier dernier. Le putsch est accompagné de la même logorrhée sur la suspension de la constitution, la dissolution du gouvernement, celle du parlement, et bla-bla-bla. Le coup d’Etat militaire en Afrique de l’Ouest devient maintenant la voie normale de changement de dirigeant en substitution d’un système électoral démocratique qui n’est pas près de fonctionner dans cette région du monde malgré des décennies de tentatives sponsorisées par l’Occident, jamais concluantes.
On note le rajeunissement du nouveau président et de son entourage, sa silhouette plus affinée ainsi que son moindre grade.
Ce n’est pas si grave pour le moment tant ces coups sont relativement inoffensifs, faisant peu de victimes, sinon la démocratie, déjà moribonde en Afrique comme dans bien d’autres régions du monde. Habituel également en ces circonstances, la France, ancienne puissance coloniale, est vouée aux gémonies. En l’occurrence, son ambassade et un camp militaire ont été attaqués aujourd’hui par une foule bruyante avant d’être plus ou moins calmée par une déclaration télévisée du président putschiste.
La nouveauté réside dans l’appel d’une partie du peuple à renforcer la coopération avec la Russie par des manifestants agitant des drapeaux russes. Le Burkina Faso suivrait alors la voie du Mali et de la Centrafrique qui ont déjà rejeté les liens avec l’ancienne puissance coloniale pour se tourner vers Moscou. Pas sûr que ces pays aient misé sur le bon cheval vu les développements en cours de la guerre d’Ukraine.
Après les échecs de la France en Afrique ces dernières décennies, militaires comme civils, c’est le bon moment pour cesser la coopération française avec le Burkina Faso comme cela vient d’être fait avec le Mali. L’opération de repli des militaires français du Mali s’est achevée mi 2022 dans de bonnes conditions, il faut penser à la poursuivre avec les forces françaises qui restent présentes en Afrique et qui en seront immanquablement chassées un jour ou l’autre. L’armée française et les économies budgétaires ainsi réalisées pourront être utilement redéployées sur le territoire national plutôt que sur des opérations extérieures de puissance utopiques.
Que la Russie remplace la France comme puissance tutélaire d’une Afrique postcoloniale mal gérée n’est pas un problème en soi, juste la roue qui tourne. Il vaut sans doute mieux que Paris investisse au Kazakhstan et Moscou en Centrafrique que l’inverse. Les « intérêts économiques » français en Afrique se terminent souvent en dépenses publiques financées par les contribuables. La sécurité des nationaux résidant en Afrique restera posée si le retrait militaire français est généralisé. Il n’est pas sûr que les groupes paramilitaires russes déjà présents en Afrique et les armées nationales prennent soin d’eux autant que l’infanterie de marine française en cas de danger…