Davy Chou est un réalisateur français d’origine cambodgienne dont la filmographie est orientée vers la recherche de l’histoire tourmentée du Cambodge et, plus généralement, celles de nos racines. Dans « Retour à Séoul » il traite l’histoire d’une jeune femme, Freddie, qui a été abandonnée encore bébé par ses parents sud-coréens et adoptée par un couple français. Un peu par hasard elle repasse à Séoul et part à la recherche de ses parents biologiques et de son pays.
Le scénario la suit pendant plusieurs années de rapprochement avec cet environnement qu’elle voudrait se réapproprier. Le personnage de cette femme est plutôt agité et provocateur, multipliant les conquêtes qu’elle se vante de pouvoir « sortir de [sa] vie d’un claquement de doigt » et qu’elle utilise au hasard de ses besoins sexuels, affectifs ou professionnels.
Les retrouvailles avec ses parents n’apparaissent pas forcément très positives mais au moins ont-elles le mérite de lever l’incertitude. Son père est un homme simple, qui boit, peut-être parce qu’il a abandonné son enfant, certainement parce qu’il est alcoolique, mais qui veut en tout cas s’en faire pardonner avec force démonstrations d’amour et d’attachement (et d’alcool) qui étouffent Freddie. Sa mère, qui ne vit plus depuis longtemps avec le père de sa fille, refuse de la rencontrer à plusieurs reprises avant, finalement, plusieurs années après son premier refus, de la serrer dans ses bras dans l‘institution coréenne qui gère les adoptions, entre larmes et caresses, seules voies de communication quand on ne partage pas les mêmes langues.
Le film est inspiré librement d’une histoire vraie. Il narre de façon sensible le traumatisme que l’abandon peut faire peser sur ceux qui en sont l’objet. Ici, la réaction de Freddie est ambivalente, feignant l’indifférence mais attirée par la Corée où elle va attacher sa vie professionnelle et, en partie, personnelle. Cerise sur le gâteau, elle travaille chez un marchand d’armes et présente la vente de missiles aux Sud-coréens comme sa participation à la défense contre la Corée du Nord. Sans doute la métaphore de l’agressivité qu’elle développe à l’encontre de son père biologique…