« Tel Aviv Beyrouth » de Michale Boganim

De l’occupation du Sud-Liban par Israël entre 1985 et 2000, à la prise d’otages de soldats israéliens dans les années 2000, le film nous fait rencontrer deux familles entremêlées et déchirées par ces guerres : l’une libanaise-chrétienne, l’autre israélienne-juive. Des liens sont créés lors de la présence des l’armée au Sud-Liban qui est soutenue par les milices chrétiennes ayant le même objectif : vaincre le Hezbollah, milice musulmane. Ils vont perdre face à la puissance de leur ennemi commun. Au départ soudain de l’armée israélienne du Sud-Liban en 2000, une partie de la famille libanaise les suit un peu piteusement par crainte de l’épuration qui s’annonçait (et qui s’est effectivement produite).

Et c’est par les yeux de la mère israélienne et de la fille libanaise que l’on vit l’après, au milieu des affrontement entre Israël et le Hezbollah qui perdurent plus ou moins sporadiquement. La première part à la recherche de son fils engagé dans l’armée israélienne alors que deux soldats israéliens viennent d’être pris en otage, la seconde, exilée depuis des années en Israël, sans espoir de retour, assiste à la lente déchéance de son père qui a combattu aux côtés du mari de sa compagne d’escapade. Sa sœur est restée au Liban et elles peuvent communiquer à travers le grillage de la frontière…

Un lien étrange et, finalement, affectueux se tisse entre elles dans cet environnement de haine et de séparation, de mort et de destruction. La frontière entre leurs deux pays est hermétiquement fermée et seul le destin les a rassemblées du même côté de la barrière que seuls les cercueils ont le droit de franchir. La réalisatrice aborde le drame de ces guerres civiles avec leur cortège de choix sans retour, de règlements de compte, d’exil… On peur sans difficulté s’imaginer qu’il se passe la même chose dans la guerre d’Ukraine, envahie par la Russie comme Israël est entré au Liban, où les uns soutiennent la Russie et les autres la combattent. D’ailleurs, la réalisatrice Michale Boganim, est israélienne d’origine maroco-ukrainienne, ayant grandi en Israël jusqu’à l’âge de 7 ans avant de suivre sa famille émigrée en France. Elle avait réalisé un très intéressant documentaire sur son exil :

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Cette histoire de quête du fils fait tristement penser au roman de David Grossman « Une femme fuyant l’annonce », le drame des fils qui partent faire leur devoir laissant leurs mères désemparée et seules face à un destin tragique.