Il faut rapatrier l’ambassadeur de France au Niger

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Le pouvoir galonné qui a pris le pouvoir au Niger à la fin du mois de juillet prononce l’expulsion de l’ambassadeur de France. L’Allemagne et le Nigeria sont l’objet de la même décision mais font profil bas jusqu’ici. Paris, qui en fait toujours plus que les autres, dénie à la junte militaire le droit de décider une telle expulsion. La France compte-t-elle maintenir de force son ambassadeur sur place ? Va-t-elle faire sortir sa troupe de ses casernes sur place (on parle de 1 500 hommes sur la base de Niamey) pour défendre son ambassade face aux furieux qui manifestent devant ses murs et cassent tout ce qu’ils peuvent ? C’est irréaliste ! Le mieux à faire est de rapatrier en bon ordre tout ce petit monde, civil et militaire, ce qui va déjà être suffisamment complexe pour éviter de jeter de l’huile sur le feu. N’importe quelle autre ambassade pourra gérer les intérêts français sur place sans trop de difficultés. Reste le cas des civils privés qui sont présents au Niger, dans des entreprises ou des organisations humanitaires : pour eux l’heure du choix peut-être déchirant va se poser, rester ou partir, comme il s’est déjà posé dans nombre d’autres pays sahéliens dont la France officielle a été chassée ! Par souci de parallélisme des formes, il faut également faire connaître le même sort à l’ambassadeur du Niger en France dans la mesure où il en existe un.

Le destin de la France est de s’éloigner physiquement et politiquement de ses anciennes colonies dont les populations continuent malgré tout à migrer massivement vers la France. Le destin du Niger reste quant à lui à définir et cela se fera sous d’autres auspices que celles d’une période post-coloniale qui a atteint ses limites soixante années après les décolonisations des années 1960. On verra dans dix ou vingt ans où en sera le Niger et ses voisins du Sahel ; pas sûr que leur situation sera significativement dégradée versus celle d’aujourd’hui. Comme pour une enfant qui s’éloigne de ses parents, le Niger doit maintenant s’émanciper de la France. C’est toujours douloureux sur le moment pour la maman mais c’est un mauvais moment à passer, les relations peuvent reprendre ensuite sur des bases bien plus saines, ou rester distantes. Le mieux est de se donner rendez-vous dans dix ou vingt ans et de voir comment tout ceci aura évolué.

En attendant, les Etats-Unis qui disposent également de bases au Niger avec un millier d’hommes semblent en meilleurs termes avec les galonnés qui ont pris « illégalement » le pouvoir et leur présence dans le pays ne serait pas remise en cause pour le moment. L’Occident ne quittera pas complètement la zone malgré le départ de la France qui est écrit d’avance.

Ce week-end en Afrique centrale des élections présidentielles auront lieu au Gabon que le fiston Bongo, Ali, semble en bonne voie de remporter pour un troisième mandat après les quarante-sept années du pouvoir tenu par son père Omar. Cela fait donc maintenant plus de soixante ans que le père et le fils Bongo trustent le poste de président du Gabon avec un cortège de malversations et de mauvaise gouvernance. Ali a par ailleurs été victime d’un accident vasculaire cérébral qualifié de sérieux au cours du mandat qui s’achève dimanche. On ne sait même plus vraiment s’il est véritablement toujours en état de gouverner…

Alors, que préférez-vous : la « démocratie » gabonaise ou la « dictature » nigérienne ?