Nous sommes en Italie dans l’immédiat après-guerre, il y a encore des soldats américains dans les rues de Rome, les tickets de rationnement sont toujours d’actualité, la condition féminine n’est pas la priorité du pays… Si nous en doutions ce film en noir-et-blanc suit la vie d’un couple modeste, Ivano et Delia avec leurs trois enfants et le grand-père (père d’Ivano).
Lui est un beauf complet, violent contre sa femme qu’il bat comme plâtre et à qui il distribue une claque monumentale tous les matins au réveil, mais qui se sent légitime car il a fait les deux guerres et ne voit pas pourquoi les choses changeraient dans une société européenne enfermée dans un patriarcat qui dure depuis des siècles… Delia quant à elle courre toute la journée pour essayer de grapiller quelques sous entre les piqures administrées aux malades, de petits travaux de couture, sa copine du marché, les commères dans la cour de son immeuble, sa famille à nourrir, le grand-père à soigner et les colères violentes du mari qui s’en prend à elle pour tous motifs, la traitant plus bas que terre comme sa fille d’ailleurs dont il refuse qu’elle fasse des études car elle est femme, et dont il doit approuver le mariage. Fort et brutal, mais effondré devant le cadavre de son père qui a eu la mauvaise idée de rendre l’âme le jour qu’il ne fallait pas
Le sujet de la maltraitance des femmes est abordé ici gravement mais avec beaucoup d’humour. La famille italienne est caricaturée sans doute avec vérité. Les séances de violence sont tournées en dérision en un tango sinistre joué par les deux époux. Le rôle du mari est magnifiquement joué en personnage moustachu, buté et primaire. La fin est inattendue et plutôt optimiste.
En 2024, si l’on en juge par le nombre de femmes en France qui meurent encore sous les coups de leurs maris, le combat féministe est encore loin d’être définitivement gagné. Mais la vraie vie est sans doute bien moins drôle que ce film italien très réussi qui rencontre un grand succès en Italie.