The Royal Opera House de Londres organise régulièrement la diffusion en direct dans des salles de cinéma partenaires des concerts et opéras montés dans la salle anglaise. Aujourd’hui c’est le célèbre opéra de Giacomo Puccini, Madama Butterfly, qui est présenté au cinéma parisien L’Escurial avec quelques semaines de différé par rapport à la diffusion en direct.
L’histoire d’amour de Mme. Butterfly est éternelle : au début du XXe siècle, une jeune japonaise de 15 ans, Cio-Cio-San, dans les mains d’un marieur cynique, épouse un officier de marine américain de passage dans le port de Nagasaki, le lieutenant Pinkerton. C’est un mufle, elle est un ange. Il déserte Nagasaki peu après le mariage, disparaît pour trois ans avant d’y revenir avec… sa femme américaine. Il découvre alors que Cio-Cio-San a eu un fils de leur union. Le premier acte se termine sur le trio Butterfly, son fils endormi et Suzuki (la servante) immobile sous le ciel étoilé pendant que le chœur murmure, bouches fermées, une émouvante mélodie marquant l’attente, triste mais pleine d’espoir, de Pinkerton
Deux actes plus tard, dans une fin tragique, elle lui demande d’emmener son fils en Amérique puis se fait hara-kiri dans un chant désespéré adressé à son fils :
Pour toi,
Traduction de l’italien
Pour tes yeux
Si purs,
Meurt Butterfly… !
Afin que, tout là-bas,
Ton destin change !…
Et sans qu’à ton jeune âge,
Soit fait l’outrage
D’avoir quitté ta mère !…
Mais au dernier moment s’élève la voix de Pinkerton au loin qui grimpe la colline en appelant « Butterfly ! Butterfly ! ». Vient-il essayer de racheter sa félonie au dernier moment ? Trop tard, le traître a gagné, la morale est perdante !
L’opéra a été composé en 1900 à partir d’une pièce de théâtre éponyme. Puccini qui n’était jamais allé au Japon s’est beaucoup documenté sur le pays et sa culture pour l’écriture. Ce soir la mise en scène est sobre à base de grands panneaux coulissants japonisants ouvrant sur le port de la ville ou sur la nuit. Le spectateur se concentre sur les personnages et les mélodies bouleversantes de Puccini. Les retraités qui composent la majorité de l’assistance clairsemée écrasent une larme sur l’image finale du petit garçon blondinet agitant son drapeau américain pour guider son père qui, finalement, vient le chercher pendant que Butterfly expire.
L’opéra au cinéma a des avantages, surtout quand il est bien filmé comme ce soir, on voit mieux les artistes et les sous-titres et, pour faire oublier les fauteuils de la salle veillotte qu’il faudrait un jour rénover, la direction offre un verre de vin blanc à l’entracte.
Distribution
- Cio-Cio-San, Asmik Grigorian
- Pinkerton, Joshua Guerrero
- Suzuki, Hongni Wu
- Orchestre et chœur du Royal Opera House dirigé par Kevin John Edusai