Sortie : 2000, Chez : Gallimard / Folio n°3557.
Annie Ernaux, née en 1940, prix Nobel de littérature en 2022, accumule dans ce livre les descriptions de ce qu’elle voit de la vie courante de tous ces inconnus que l’on croise jour après jour. Il s’agit de courts paragraphes datés du jour de l’observation. Beaucoup de ces flashs sont pris dans le métro ou l’inaction et l’attente la poussent à regarder ceux qui l’entourent. Il ne se passe rien dans ces lignes étranges et froides que la transcription de ce que relève l’œil de l’écrivaine. Elle ne cherche même pas à deviner ou approfondir ces situations mais juste à exposer qu’elles sont là.
Bien sûr Annie Ernaux est plutôt portée vers une vision sociale du monde qui tend parfois au misérabilisme, comme si son regard se concentrait sur ce qui va mal en implorant comme une certaine commisération de l’observateur : les couloirs de métro, les supermarchés de banlieue, les immigrés, les salons de coiffure ; mais aussi quelques brèves nouvelles picorées à la radio ou dans le journal : la guerre en Yougoslavie, le procès Papon…
Annie Ernaux semble écrire comme elle traverse la vie, tristement, au cœur d’un insondable néant.