GARY Romain, ‘Ode à l’homme qui fut la France’.

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Sortie : 1997, Chez : Editions Gallimard (2000)

Romain Gary (1914-1980), homme flamboyant aux mille vies, écrivain de génie, pilote de guerre, Compagnon de la Libération, a rendu hommage à Charles de Gaulle (1890-1970) en publiant des articles en anglais dans la presse anglo-saxonne à l’occasion d’évènements importants qui ont marqué la vie politique du fondateur de la Ve République, jusqu’à sa mort en 1970.

L’engagement de Gary pour la France libre incarnée par de Gaulle est connu, l’admiration qu’il portait au personnage l’est un peu moins. Né dans l’empire Russe au temps des tsars ; de confession juive sa famille fuit les persécutions d’abord en Pologne puis dans le sud de la France. Mobilisé en 1939 il rejoint de Gaulle à Londres en juillet 1940 et fera partie toute sa vie du pré carré du Général.

Il a été naturalisé français en 1935 et on sent dans ses textes qu’il partage le profond sentiment de respect pour la France qu’il partage avec de Gaulle et qui a guidé leurs vies entières. Peut-être même d’autant plus qu’il est né russe. Ce sentiment de « grandeur » de la France, un peu indéfinissable mais qui dépasse les humains en leur inspirant des actes de bravoure hors du commun. Tous les deux sont faits de ce bois de la résistance, du sacrifice et de l’honneur.

Ces articles sont suivis des lettres adressées par de Gaulle à Gary après qu’il lui eut envoyé chacun de ses livres à leur parution. On découvre avec amusement, par exemple, que de Gaulle a lu en 1969 « Adieu Gary Cooper », un beau roman sur les utopies brisées d’une jeunesse en mal de nouveaux idéaux. Il répond à l’auteur par une lettre du 22 juillet 1969, soit quelques semaines seulement après sa démission de la présidence de la République :

Mon cher Romain Gary,


Il fallait bien que vous vous saisissiez de la « jeunesse ». A condition que celle-ci soit étrange, bariolée et désespérée. Si vous le faisiez, il fallait bien que ce soit de tout votre talent et que celui-ci atteigne son maximum. Voilà qui est fait dans votre « adieu, Gary Cooper ».


En vous remerciant de l’avoir écrit juste au moment où j’ai bien pu bien le lire, je vous demande de croire, mon cher Romain Gary, à ma fidèle amitié.


C. de Gaulle

La fidélité était aussi une qualité cardinale chez les Compagnons de la Libération qui seront les seuls, avec l’Armée, à être autorisés à accompagner le Général dans sa dernière demeure après son décès quelques mois plus tard, le 9 novembre 1970.