Sortie : 1954, Chez : Librairie Gallimard / Livre de Poche n°268.
Henry de Montherlant (1895-1972) est un romancier, dramaturge et essayiste français qui connut son heure de gloire au cours des années 1939-1970, dont on ne parle plus beaucoup aujourd’hui. Passionné de tauromachie (qu’il a lui-même un peu pratiqué) il consacre « Les bestiaires », ce roman des débuts, à l’univers espagnol des taureaux et du combat mené par les hommes contre ces bêtes, érigé en acte de suprême noblesse.
Nous suivons ainsi le parcours d’Alban de Bricoulle dans les corridas de Séville où ses parents ont consenti à le laisser s’installer pour quelques semaines. La fascination d’Alban pour les monstres élevés pour leur violence ne l’empêche pas de chercher à séduire une jeune fille de la noblesse espagnole, elle aussi élevée dans le culte du taureau. Elle pousse Alban à toréer une bête dangereuse avant d’accepter de poursuivre son amourette avec lui. Il relève le défi, mais c’est pour mieux la délaisser ensuite, cette femme qui ose lui poser ses conditions. Nous sommes dans un monde de fierté et d’honneur !
Le style de l’écrivain est foisonnant. Ses descriptions des taureaux dans les élevages et des combats dans l’arène sont stupéfiants de précision et de ferveur. La passion de la tauromachie et le talent de l’auteur font vivre au lecteur la frénésie de tout un peuple pour cette activité désormais d’un autre âge. Spécialiste de la Rome antique, il mêle dans ce roman les références aux civilisations du bassin méditerranéen pour illustrer l’importance du combat hommes-taureaux comme élément fondateur de notre civilisation.
Le roman est d’ailleurs précédé d’une lettre que Montherlant adressa au président de la République, Gaston Doumergue, pour l’honorer d’avoir rétabli les « courses » de taureaux avec mise à mort dans le sud de la France après qu’elles eussent été suspendues par le parlement. Quoi que l’on pense de la tauromachie, ce court roman de jeunesse en restitue les passions avec brio.