Boualem Sansal emprisonné à Alger

L’écrivain algérien Boualem Sansal vient d’être arrêté à l’aéroport d’Alger en provenance de France. Il serait accusé « d’atteinte à l’unité nationale ». Sa production littéraire, dirigée contre l’islamisme conquérant, ainsi que l’inefficacité et la corruption du régime algérien, est fortement critiquée dans son pays d’origine où elle est d’ailleurs censurée. Il est aussi fort critique contre les régimes occidentaux qui ne lutteraient pas assez vigoureusement contre l’islamisme. Il avait malgré tout choisi de rester résider en Algérie et faisait de fréquents aller-retours au-dessus de la Méditerranée.

Il a obtenu récemment la nationalité française ce qui a peut-être précipité son arrestation compte tenu des relations actuellement déplorables entre les deux pays. Il s’est jeté dans la gueule du loup et celui-ci a les dents particulièrement aiguisées contre tout ce qui touche de près ou de loin à l’ancienne puissance coloniale. Dans ces conditions il n’a pas été très avisé de se rendre en Algérie, d’autant plus que ce pays ne reconnaît pas le concept de deux nationalités. S’il est entré en Algérie avec son passeport algérien l’administration locale le considère comme un citoyen lambda et lui applique ses lois sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit, et encore moins à Paris. S’il a présenté un document français cela devient une affaire franco-algérienne, une de plus.

A-t-il tenté le diable par fanfaronnade ou par mauvaise estimation du risque ? Dans les deux cas il a manqué de clairvoyance, Boualem Sansal est plus utile à sa cause en écrivant des livres en Occident plutôt qu’en moisissant dans une prison algérienne. L’émotion manifestée par les milieux littéraires et médiatiques français devant cette arrestation risque plutôt d’aggraver encore son cas vis-à-vis d’Alger. Le mieux pour Paris serait d’essayer de régler cette affaire dans la discrétion, mais sans garantie de succès à court terme.

Si la France pratiquait les méthodes russes, par exemple, il suffirait de prendre en otage un écrivain algérien et de négocier son échange avec M. Sansal. Mais nous sommes à Paris et c’est sans doute la raison pour laquelle il a cherché à obtenir la nationalité française et pas la russe…

Grandeur et décadence de la démocratie!