« Paquebots 1913-1942, une esthétique transatlantique » au musée d’Arts de Nantes

Le musée d’Arts de Nantes présente une jolie exposition tournée vers le grand-large. Nous sommes durant l’entre-deux guerres mondiales, les pays occidentaux rivalisent pour construire les paquebots transatlantiques les plus gigantesques et les plus luxueux qui, majoritairement, relient des Etats-Unis et la vieille Europe. Celle-ci se relève à peine de la dévastation que fut la Grande Guerre. Un foisonnement culturel sans précédent saisit Paris, Berlin, Londres… Le mouvement surréaliste tente de rendre le rêve réel. Et quoi de mieux que ces paquebots reliant l’ancien et le nouveau monde pour inspirer les rêveurs ? André Breton les a empruntés à de nombreuses reprises dans un sens et dans l’autre. Il a notamment accompagné les sculptures de Brancusi qui devaient être exposées à New-York. Le Corbusier s’est aussi intéressé à l’organisation de l’habitat dans un paquebot, « machine à voyager » lui qui concevait les logements qu’il a construit comme des « machine à habiter ».

Les œuvres exposées sont sous forme d’affiches publicitaires, de tableaux, de photographies et, même, d’accessoires embarqués dessinés par des designers de renom qui ont produit des fauteuils, de la vaisselle, la décoration des parties communes.

Le paradoxe de ces navires se trouvait dans les lignes extrêmement épurés de la coque et des infrastructures, pour des raisons aérodynamiques, et la richesse des aménagements intérieurs art-déco, au moins pour les 1ères classes. Ces bateaux respectaient une stricte « lutte des classes » et les passagers de la troisième étaient bien sûr beaucoup moins bien lotis. Les années 1930 furent aussi celles du renforcement des migrations vers les Etats-Unis d’européens fuyant la barbarie nazie. Les paquebots transportèrent aussi des réfugiés en grand nombre vers New-York, participant ainsi à la géopolitique de l’époque.

Le temps de ces grands navires est désormais passé pour le transport des passagers mais les images de ces paquebots font toujours rêver comme le montre cette exposition. Mais c’est aussi la nostalgie d’une époque.