Alors que les menaces s’entassent sur l’Europe : guerre commerciale américaine, guerre d’invasion russe, revendication du Groenland par Washington, menace du président américain qui quitter l’Alliance atlantique…, les dirigeants du vieux continent commencent à sentir le vent du boulet et se lancent dans des programmes de réarmement, et, surtout, échafaudent les différentes solutions pour les financer. Les besoins financiers sont considérables et se chiffrent en centaines de milliards d’euros, sans parler des filières industrielles qu’il conviendrait de relancer, ce qui prendra des décennies.
Evidemment l’état des finances publiques des pays « club méditerranée », groupe des pays mal gérés (dont la France), les rend incapables d’affronter de telles dépenses puisqu’ils sont déjà pour la plupart dans l’incapacité de financer leurs simples dépenses de fonctionnement sans s’endetter. Comme toujours les solutions envisagées par les Etats impécunieux les portent vers l’endettement européen qui leur permettrait de bénéficier de taux d’intérêt plus faibles que ceux qu’ils payent sur leurs dettes nationales car ils s’abriteraient ainsi sous le parapluie des pays mieux gérés qui rassurent les marchés financiers prêteurs. C’est ce qui été fait lorsqu’il a fallu injecter des fonds pour sortir de la crise économique déclenchée par la Covid.
En réalité les gouvernements n’osent pas dire à leurs citoyens que ce réarmement pourra difficilement se faire sans réaliser des économies par ailleurs. Il est vrai que le thème n’est pas vraiment électoralement porteur. Il va falloir affecter des ressources limitées à de vraies priorités. En France par exemple, le ministre des finances assène qu’il n’y aura pas d’augmentation d’impôts ni de remise en cause du « modèle social » pendant que les syndicats discutent toujours de l’abrogation de la réforme des retraites de 2023. Par ailleurs on se prépare déjà à organiser des jeux olympiques en 2030 après ceux de l’été 2024 à Paris.

Le mirage d’un endettement européen mutualisé permet de laisser penser aux citoyens que le financement du réarmement pourra se faire sans douleur : il suffit de s’endetter. C’est une tartuferie typiquement française qui se renouvelle depuis des décennies, et sur de nombreux sujets. L’exercice n’a pas encore atteint ses limites puisque la France trouve toujours des prêteurs pour financer ses gabegies. La conséquence de l’augmentation de l’endettement public est relativement transparente pour les électeurs alors autant ne pas changer de méthode… Les intérêts payés aux prêteurs dépasseront les 55 milliards d’EUR pour l’année 2025, soit supérieurs au budget de la défense (51 Mds) et à peine inférieurs à celui de l’enseignement scolaire (64,5 Mds). Et ce chiffre a vocation à continuer d’augmenter avec une inertie considérable difficile à inverser. Il n’y a pas beaucoup de pédagogie faite autour de ce chiffre qui est pourtant parlant.
Il faut que Mme. Michu continue à croire que la République pourra continuer à s’endetter pour financer ses dépenses courantes, ses dépenses somptuaires et, en plus, acheter des avions et des chars de combat. Au moins jusqu’aux prochaines élections ! Le message churchillien sur « le sang, le labeur, les larmes et la sueur » n’est entendable qu’en temps de guerre, pas dans un pays où la population rêve de faire baisser l’âge légal de la retraite de 64 à 62 ans.
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