« David Hockney 25 » à la fondation Louis Vuitton

Ce sont près de 400 œuvres de la production (mirifique) de David Hockney (87 ans) des 25 dernières années qui sont exposées par la fondation Louis Vuitton. Elles montrent toute l’inventivité de cet artiste britannique définitivement moderne : peintures à l’huile ou à l’acrylique, dessins à l’encre, au crayon et au fusain, mais aussi des œuvres numériques (dessins photographiques, à l’ordinateur, sur SmartPhone et sur Tablette) et installations vidéo.

On a déjà vu nombre d’entre elles à diverses occasions à Paris où Hockney est célébré depuis longtemps. Mais elles supportent largement la répétition tant elles sont exaltantes. L’inventivité de cet artiste, jamais démentie, et son sens des couleurs tout à fait exceptionnel, fait voir le monde sous ses plus beaux atours.

Un point-de-rendez-vous est installé au centre des plus grandes salles d’où part toutes les quinze minutes une visite-guidée flash concentrée sur certaines œuvres. Les informations données à cette occasion sont précieuses et laissent rêveur devant la créativité du personnage. Il s’est lancé l’un des premiers dans la conception de tableaux à l’aide de téléphone mobile et de tablette (souvent de la marque Apple…), d’abord avec des applications disponibles sur le marché, puis avec un logiciel conçu spécialement pour lui lors des confinements liés à la Covid, période particulièrement productive durant laquelle il était installé au Pays d’Auge en Normandie où il produit nombre d’œuvres désarmantes de simplicité, éblouissantes de couleurs. Evidemment tout est irréel dans sa vision du monde, son œil interprète et transforme l’environnement tel qu’on aimerait le voir, dans lequel on adorerait évoluer.

Souvenez-vous, ni la mort ni le soleil ne peuvent se regarder fixement.

David Hockney

Certaines œuvres sont gigantesques. L’une représentant des arbres au bord d’une route anglaise occupe un mur entier où est accroché l’assemblage de 50 tableaux de taille classique. D’autres suivent le même principe mais sont constituées de multiples écrans où sont projetés des tableaux dessinés à la tablette numérique, ou ces compositions sont simplement imprimées et collées sur des plaques métalliques. Les écrans permettent également de présenter des tableaux dynamiques comme celui d’un crépuscule sur une paysage montagneux. On reste admiratif devant la quantité de travail nécessaire pour concevoir et coordonner toutes les parties individuelles de ces grands ensembles qui matérialisent l’imagination sans bornes du créateur sur toutes ces compositions.

Une salle est consacrée aux tableaux, dessinés de nuit sur une tablette dans son jardin anglais du Yorkshire. Hockney ne nous avait pas habitué à l’obscurité mais là encore il brille et son œil capte la nuit avec la même flamboyance que le printemps. Dans cette salle, deux œuvres sont en acrylique ou aquarelle et s’inspirent manifestement de l’esprit des premiers, purement numériques

Do remember they can’t cancel the Spring.

David Hockney

Ses séries sur les saisons sont remarquables de couleurs et de naïveté. L’artiste dessine des paysages répétitifs d’arbres qui évoluent au cours des saisons au milieu d’une nature parfaite. On a envie de se retrouver dans ce monde onirique et tout simplement beau que le peintre imagine et restitue avec son immense talent. Parcourir l’exposition nous fait plonger avec délices au cœur d’une sa vision rafraichissante, colorée et optimiste. Il ne faut surtout pas s’en priver.

Au dernier étage, dans une grande salle haute de plafond sont projetés les décors d’opéra conçus par Hockney, sur les quatre murs et le plafond. De larges coussins permettent de s’allonger pour se laisser pénétrer de cet univers mouvant. C’est la conclusion musicale d’une rétrospective exceptionnelle.

L’enthousiasme retombe un peu lorsque le visiteur, à la sortie, se retourne vers le bâtiment de la fondation qui apparaît toujours aussi incongru entre le jardin d’acclimatation et le bois de Boulogne. Sorte de gros scarabée balourd et informe, il s’oppose un peu tristement à la légèreté des œuvres de David Hockney que l’on vient d’y voir.