Le rejet de la démocratie par les nouveaux empires

Les systèmes démocratiques mis sur pieds après les errements tragiques de la seconde guerre mondiale en Occident ont été progressivement étendus à d’autres régions du monde. L’Inde, les pays d’Europe de l’Est, certains pays asiatiques ont adopté des critères démocratiques : élections, liberté des partis politiques, respect des droits de l’homme, justice indépendante, Etat de droit… avec plus ou moins de succès et de durabilité. Après la chute de la dictature communiste soviétique et l’émancipation de certaines de ses anciennes « Républiques socialistes » on a même théorisé la « fin de l’Histoire » ! La démocratie semblait le seul système politiquement viable et économiquement efficace. Elle avait donc vocation à s’étendre naturellement à l’ensemble de la planète à la demande des peuples concernés et donc atténuer, voire faire disparaître, les conflits idéologiques.

Le XXIe siècle a douché les espoirs des pays occidentaux qui croyaient avoir inventé le système politique vainqueur. Avec un peu d’arrogance ils ont pensé que celui-ci allait s’étendre naturellement au reste de la planète et qu’ils allaient pouvoir continuer à dominer celle-ci en tant que concepteur de cette organisation politique. Cela ne s’est pas passé tout à fait ainsi. Il y eut d’abord l’émergence économique de la Chine que l’on peut dater de son entrée à l’organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 lui donnant ainsi accès au système capitaliste multilatéral régissant le commerce mondial à l’époque. Grâce à une redoutable efficacité ce pays a montré sa capacité à s’intégrer dans le système commercial libéral mondial, puis à le dominer, tout en restant gouverné par un parti (unique) communiste aux méthodes dictatoriales assez classiques. Vint ensuite la Russie qui elle n’a pas vraiment performé économiquement mais a refusé l’instauration de tout système démocratique, pour elle et ses anciens vassaux proches, agissant grosso-modo avec les mêmes méthodes dictatoriales que l’ex-URSS, en y ajoutant une volonté de reconquête, au besoin par les armes comme le montre la guerre en cours de Moscou contre l’Ukraine.

Le temps des dirigeants occidentaux en costumes bien coupés, formés à Harvard ou à l’ENA, aux propos mesurés, cherchant à concilier les intérêts nationaux avec un minimum de morale, promouvant le système multilatéral au-dessus des égoïsmes nationaux…, ce temps se termine avec l’arrivée des nouveaux forbans, mal élevés, vantards, sans foi ni loi, bien entendu peu intéressés par la démocratie et raisonnant en termes de force brute, les forts ayant vocation à écraser les faibles. Et malheur à ceux qui appartiennent à cette catégorie des faibles sans arriver à en sortir !

C’est une page qui se tourne, celle de l’après IIe guerre mondiale. Les générations futures vont avoir à gérer ce nouveau paradigme qui n’est pas tombé du ciel mais a été produit par la génération actuelle et ses idéologies parfois délétères. C’est aussi le relatif échec des générations précédentes qui n’ont pas su convaincre. L’avenir dira sans doute assez rapidement si le système promu par ces nouveaux empereurs sera aussi durable et productif que celui qu’il prétend remplacer.

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