C’est la réédition d’un légendaire concert du Pink Floyd… sans public, tourné dans les arènes de Pompéi en 1971. Déjà diffusé en plusieurs versions depuis cinquante ans, cette nouvelle sortie, disponible au cinéma et en DVD, a fait l’objet des restaurations, son et image, permises par la technologie modernes appliquées sur le négatif original en 35mm retrouvé récemment. C’est Steven Wilson qui a été chargé du mixage-son.
Michka Assayas nous a dévoilé les petits secrets du tournage dans son émission Very good trip sur France Inter. Aucun concert n’avait jamais été organisé dans ce site, mais un jour qu’Adrian Maben le visitait, il s’aperçut à la sortie qu’il y avait perdu ses papiers. Il obtint l’autorisation d’y retourner alors que l’amphithéâtre était vide de ses visiteurs et là lui vint l’idée d’un concert dans ce théâtre de plein air millénaire. Ce ne fut pas simple de convaincre le groupe, alors en pleine session d’enregistrement de Dark side of the moon, d’obtenir les autorisations nécessaires des autorités puis d’organiser la logistique nécessaire pour le film. On ne voit dans l’enceinte que les quatre musiciens britanniques et leur équipe de techniciens.
L’enregistrement fut interrompu à de nombreuses reprises par des coupures de courant ce qui laissa quelques loisirs aux musiciens pour se promener sur les pentes du Vésuve au milieu des nappes de lave glougloutantes, et au réalisateur de tourner les images du site et du volcan qui ponctuent le film. Compte tenu de ces difficultés techniques, une partie des morceaux furent joués et enregistrés au retour à… Paris. Cela se remarque clairement même si des images de Pompéi sont diffusées en fond d’écran de la prestation parisienne. Mais qu’importe tant les musiciens et leur musique sont exceptionnels !
Le film est superbe et, si vous n’avez que 10 mn à y consacrer, regarder/écoutez Echoes – part I, extrait du disque Meddle, qui sortit quelques semaines plus tard. On y voit les musiciens torse-nu sous le soleil italien, concentrés sur leur musique, indifférents aux aller-et-venues des techniciens tout autour d’eux. Ils paraissent complètement pénétrés de leur musique psychédélique qu’ils ont interprétée live en une prise unique. La prestation du guitariste David Gilmour, qui vient de remplacer Syd Barrett l’un des cofondateurs du groupe, est impressionnante. Cheveux longs au vent, tel une statue romaine, il extrait de sa guitare et assène le nouvel évangile de ces années 1970 au cours desquelles le Pink Floyd a révolutionné une partie du rock. La partie chantée en duo entre Gilmour et Wright est une vague de douceur après la stridence des solos de guitare. Du grand art !
Overhead the albatross hangs motionless upon the air
And deep beneath the rolling waves
In labyrinths of coral caves
The echo of a distant tide
Comes willowing across the sand
And everything is green and submarine
Toute une époque, dont la musique n’a rien perdu de son intérêt. D’ailleurs David Gilmour reviendra en solo donner un concert dans ce théâtre en 2016 où, bien sûr, il rejouera des morceaux de choix des Pink Floyd en plus de ses propres compositions.
Ce Live at Pompeii est un chef d’œuvre !