Sortie : 1996, Chez : Imprimerie Yves Jacq.
Les mémoires d’un militant communiste breton dans les Côtes d’Armor (ex-Côtes du Nord), Edouard Quemper (1925-2015) qui fut jeune résistant durant la guerre dans l’organisation Francs-tireurs et partisans (FTP, affiliée au Parti communiste [PC]). Il mena ensuite une longue carrière de permanent du parti et fut élu dans différentes assemblées : conseil général, mairie de Saint-Brieuc (adjoint aux sports), fédération communiste du département…
Engagé dans la lutte contre la guerre coloniale française en Indochine, il est arrêté avec son groupe alors qu’ils bloquaient un train transportant des armes pour le corps expéditionnaire en 1950. Ils passent sept mois en prison avant d’être acquittés par la Justice.
Ce récit relève du journal familial pour laisser quelques souvenirs aux enfants Quemper sur qui fut leur ancêtre. Il est touchant sur l’engagement du personnage en faveur des thèmes habituels du communisme : la paix, l’impérialisme américain, la lutte des classes, etc. Il est inquiétant quant on voit l’aveuglement du militant qui a ressassé sa vie durant les vieilles lunes du marxisme. Le chapitre sur la résistance ne fait pas mention du pacte germano-soviétique de 1939, pas plus que ne sont cités les règlements de compte après la guerre entre les mouvements de résistance communiste et non communistes. Aujourd’hui encore il est des sujets qu’il vaut mieux ne pas aborder au Café du commerce de certains villages bretons.
Le chapitre sur la déstalinisation admet des retards dans la prise de conscience du parti communiste français pour « connaître et comprendre ce qui se passait réellement en U.R.S.S. et pour dénoncer ce qui n’allait pas… J’ai souffert comme tous les communistes français, en apprenant la vérité : la blessure n’est pas encore cicatrisée ; on a toujours beaucoup de mal à croire que cela fut possible.«
Il raconte qu’un jour en rangeant sa cave il retrouva l’éloge de 1953 qu’il prononca à la maison du peuple de Saint-Brieuc en hommage à Staline qui venait de mourir.
J’avais honte de moi. Lorsque j’ai prononcé ce discours j’étais sincère mais je l’étais aussi lorsque je l’ai déchiré.
Mais Edouard Quemper conclut :
Si je n’avais pas connu le P.C.F. ma vie aurait sans doute été insignifiante, une petite vie égoïste, ne vivant que pour soi, pour son confort quotidien. Une vie en réalité qui n’aurait pas mérité d’être vécue.