Sortie : 2003, Chez : Gallimard – Folio.
C’est le premier roman de l’auteure Chimamanda Ngozi Adiche née en 1977 au sud-est du Nigeria en pays igbo. On y reconnaît nombre d’éléments autobiographique, le ville d’Enugu où elle est née, celle d’Abba dont est originaire sa famille, le milieu universitaire à Nsukka, l’exil vers les Etats-Unis, etc.
L’intrigue suit deux branches de la même famille : celle de la narratrice, Kambili, riche et rigide, installée à Enugu, catholique traditionnaliste, mais aussi généreuse et engagée dans la contestation du pouvoir militaire ; celle de sa tante et de ses cousins à Nsukka, accueillante, sans-le-sou, débordant d’affection et de désordre. Kambili et son frère Jaja alternent entre ces deux mondes qui sont aussi opposés que l’eau et le feu.
Les deux natifs d’Enugu sont tiraillés entre l’attirance vers la vie joyeuse de leurs cousins, cousines et tante tout en restant viscéralement marqués par l’éducation dramatiquement stricte et religieuse qu’ils ont reçue. Il faudra que la rigidité de leur père tourne à la violence pour qu’ils réalisent à quel point elle est excessive. Les deux enfants et leur mère prendront alors de décisions définitives pour sortir de ce carcan. Le lecteur a l’impression qu’ils vont réussir, mais à quel prix !
Le roman est peuplé de tous ces petits détails que reconnaîtront avec le sourire ceux qui ont vécu en Afrique. Des coups d’Etat militaires aux contrôles de police sur les bords des routes défoncées, du joyeux chaos des marchés à la mendicité envahissante, y compris au sein des familles, du vent d’harmattan qui souffle le sable du Sahara qui envahit tout à la préparation des plats d’igname, des Fanta tiédasses aux sauces gluantes, des coupures d’électricité à la pénurie d’eau… Bref, nous sommes bien au cœur de l’Afrique que Chimamanda narre avec humour et attachement.
Un premier essai réussi qui sera transformé avec les romans suivants.