« Georges de La Tour – Entre ombre et lumière » au musée Jaquemart-André

Georges de la Tour (1953-1652), grand maître du « ténébrisme », est né dans le duché de Lorraine alors indépendant de la France. Il est exposé au musée Jaquemart-André et beaucoup de monde s’y presse. Oublié après sa mort, seule une quarantaine de tableaux originaux ont survécu aux siècles alors que les spécialistes estiment à environ 300 le nombre d’œuvres qu’il aurait du « normalement » produire.

Il a souvent peint des portrais de personnages modestes : mendiants, vieillards, joueurs de vielle aveugles, dont il a parfois exécuté plusieurs variantes dans son atelier où il travaille, notamment avec son fils Etienne. Mais il est surtout réputé pour ses tableaux d’obscurité où ses personnages sont éclairés par des bougies ou des torches que l’on croit voir trembler sur la toile tant il excelle dans le rendu de l’ombre et la lumière. Il a aussi une manière singulière de dessiner les visages en ovale, de façon un peu surnaturelle, tout entier penchés sur la source d’éclairage qui dessine d’étranges arabesques sur leur peau lisse. Il en ressort une douceur et une intimité extraordinaires.

On imagine les heures de pose qu’il a demandées à ses modèles pour arriver à rendre cette atmosphère aussi vivante et pleine d’humanité. Mais c’est sans doute l’œil exceptionnel de ces artistes qui leur permet de restituer une telle précision de ce que nous voyons tous, sans trop le savoir. Leur vision enregistre la scène comme un appareil photo, le talent leur permet de la peindre à la perfection.

Ce n’est pas l’obscurité que peint La Tour : c’est la nuit. La nuit étendue sur la terre, la forme séculaire du mystère pacifié. […] La Tour est le seul interprète de la part sereine des ténèbres.

André Malraux, Les voix du silence, 1951

Quel dommage que si peu de tableaux de La Tour aient traversé le temps !