« Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten » au Grand Palais

C’est une exposition décapante que nous montre le Grand Palais sur deux artistes marquants de l’art contemporain du XXe siècle, Niki de Saint Phalle (1930-2002) et Jean Tinguely (1925-1991), complétés par Pontus Hulten (1924-2006), conservateur de musée suédois, qui dirigea notamment le centre Pompidou à Beaubourg de 1977 à 1981, et qui soutint l’œuvre des deux premiers, associés dans l’art toute leur vie et couple à la ville quelques années durant.

De Saint Phalle, artiste franco-américaine, on connaît ses fameuses « Nanas », sculptures gigantesques et colorées représentant le plus souvent des femmes aux formes pulpeuses, un peu effrayantes, composées en plâtre et en grillage. C’était sa façon originale d’exprimer son soutien à la cause féministe. L’exposition nous montre aussi des œuvres moins frappantes et plus torturées de l’artiste, souvent centrées sur la notion de monstre. Des compositions de grandes tailles, sortes d’assemblages baroques de matières diverses, en relief, marquant la créativité tourmentée de l’artiste.

Niki de Saint Phalle a été violée par son père lorsqu’elle était enfant et subit les conséquences de ce traumatisme le reste de sa vie, influant son œuvre sous différents aspects, et certainement dans ses compositions sur les monstres et les dragons.

Peindre calmait le chaos qui agitait mon âme. C’était une façon de domestiquer ces dragons qui ont toujours surgi dans mon travail.

Niki de Saint Phalle

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Elle s’est d’abord rendue célèbre par ses séries « Tirs » pour lesquelles elle tirait au fusil sur des collages comportant des poches de peinture qui en explosant répandaient leur contenu sur le reste du tableau. Des vidéos montrent ces séances de tir et le grand sourire de l’artiste utilisant cette méthode plutôt originale.

Jean Tinguely a, lui, créé des « machines » étranges, mécanismes tintinnabulants, sortes de moquerie de la civilisation industrielle et de contestation de l’académisme dans l’art. Des exemplaires de ce bric-à-brac métallique sont exposés et déclenchent plutôt l’ironie que l’émotion chez le spectateur.

Tous les deux ont mené leurs carrières artistiques en commun, s’inspirant l’un l’autre et veillant sur chacun. Ils furent aussi couple à la ville quelques années, se marièrent légalement, au crépuscule de leurs vies, alors qu’ils ne l’étaient plus, afin que le survivant soit l’ayant-droit du disparu pour continuer à faire vivre son œuvre. C’est ce fit Niki de Saint Phalle pendant une dizaine d’années après le décès de Jean Tinguely en 1991

Pontus Hulten fit partie de ces innovateurs qui ont su promouvoir ces artistes révolutionnaires qui étaient sans doute peu compris à leur époque mais c’est aussi grâce cette attitude qualifiée « d’anarchisme joyeux » par la conservatrice des collections contemporaines du centre Beaubourg que le monde de l’art a évolué, et continue de le faire.

C’est une bonne chose que le Grand Palais ait ainsi investi la modernité même si celle-ci déclenche plus d’intérêt que d’émotion.

Blabla