Un nouveau gouvernement français, dirigé par le premier ministre Sébastien Lecornu est tombé. Cette fois-ci il n’y a pas eu besoin de le pousser très fort. Le lendemain de son officialisation le parti Les Républicains a fait part de ses états d’âme sur la composition du gouvernement auquel lui-même participait. Devant cette perspective de coups de Jarnac annoncés par son « allié » le premier ministre a préféré jeter l’éponge et remis lui-même sa démission au président de la République sans qu’il y ait eu de motion de censure pour l’y contraindre.
Il vient d’être reconduit comme premier ministre « de mission » pour faire adopter un budget par un nouveau gouvernement à désigner ce week-end. En vue de trouver non pas une majorité à l’assemblée nationale mais faire en sorte que le projet de budget puisse être discuté et amendé au parlement, le sujet central de la réforme des retraites de 2023 revient sur la table. Depuis son adoption la gauche politique et syndicale réclame sa suspension pour les plus coopératifs, son abrogation pour les autres.
Mais voilà que le pouvoir actuel se demande comment faire voter son projet de budget 2026 dans une telle pétaudière politique sans que le gouvernement ne soit renversé par les forbans élus démocratiquement qui occupent les bancs de l’assemblée. Alors l’idée de « suspendre » cette réforme des retraites, qui est restée une obsession pour les partis de gauche et d’extrême droite, chacun agitant populisme et démagogie auprès de leurs électeurs, apparaît comme la seule bouée de sauvetage possible pour éviter que le Parti socialiste (PS) ne s’associe à une énième motion de censure.
Les gens raisonnables sont inquiets par une telle hypothèse qui risque de se transformer en abrogation et qui, quel que soit le cas de figure, se traduira par des coûts non prévus. Il est inutile de revenir sur les arguments des uns et des autres qui sont bien connus, mais il est des situations où il faut trancher : la réforme des retraites et ses effets favorables à moyen terme vs. la survie d’un gouvernement pour les semaines à venir.
De toutes façons la réforme de 2023, à peine adoptée, s’est avérée insuffisante pour supprimer les déficits futurs et il aurait fallu de toutes façons remettre une réforme à l’étude dans les années à venir. La suspendre aujourd’hui gèlerait à 62 ans et 9 mois l’âge légal de la retraite et la montée progressive vers les 64 ans serait reprise plus tard, à l’occasion de l’élection présidentielle de 2027 table-t-on. De même, la croissance du nombre minimum de trimestres de cotisation pour pouvoir faire valoir ses droits à la retraite serait aussi bloquée à 170 trimestres, même si issue de la réforme dîtes « Touraine » du nom de la ministre socialiste qui l’a portée en 2020. En agissant ainsi on ne fera que rapprocher l’échéance à laquelle il faudra y revenir pour reprendre ces progressions (âge légal et nombre de trimestres de cotisation) et sans doute la poursuivre au-delà de 64 ans.
C’est, hélas, le prix qu’il faudra sans doute payer pour ne pas voir un troisième gouvernement tomber en quelques mois. Ce qu’on ignore à ce stade c’est si les aspects bénéficiant aux retraités seront également suspendus ? Alors on va sans doute encore retarder le moment de faire des économies, c’est une vieille habitude de la France qui ne respecte que rarement ses engagements financiers, elle n’y arrive tout simplement pas. Cependant elle réussit généralement très bien à exécuter ses budgets de dépenses, voire à les dépasser. Tant que le pays trouvera des prêteurs pour financer ses déficits cela risque de continuer ainsi car seule la contrainte semble en mesure de ramener le pays sur la voie d’une gestion plus raisonnable de ses finances publiques. Si cette suspension est prononcée elle aura aussi pour conséquence de faire du financement du système des retraites le point central des prochaines élections présidentielles. Ce n’est pas une bonne nouvelle.

Pendant ce temps, rassurons-nous, à peine clôturé le bilan des dépenses publiques payées par le contribuable pour l’organisation des jeux olympiques d’été Paris 2024, la gabegie est relancée avec la préparation des jeux olympiques… Alpes Françaises 2030 !
Grandeur et décadence de la démocratie !
Blabla