Regrettable intervention française dans le changement de pouvoir à Madagascar

Une jeunesse rebelle vient de pousser le président de Madagascar à fuir le pays. Des manifestations avaient lieu depuis plusieurs mois dans les rues pour se plaindre des habituels maux des pays du continent africain : sous-développement économique, corruption généralisée, autoritarisme du pouvoir, etc. Comme d’habitude en ce genre de circonstance c’est lorsqu’une partie de l’armée s’est placé du côté des manifestants que le pouvoir est tombé. Un colonel, Michaël Randrianirina, a remplacé un affairiste, Andry Rajoelina. Ce ne pourrait être qu’un changement de pouvoir comme un autres dans un pays plus habitué aux coups d’Etat qu’aux élections démocratiques si la France, une nouvelle fois, ne s’était cru obligée de s’ingérer dans cette affaire interne d’un pays tiers, fusse-t-il une ancienne colonie. Il semble que c’est un avion de l’armée française qui a exfiltré M Rajoelina vers l’Ile de la Réunion d’où l’impétrant a ensuite rejoint Dubaï où il s’est installé pour le moment comme nombre de forbans, de narcotrafiquants et d’influenceuses à forte poitrine.

Lors de sa dernière réélection, M Rajoelina avait déclenché une polémique car l’opposition s’était aperçue qu’il bénéficiait de la double nationalité franco-malgache ce qui semblait inconstitutionnel, mais ne l’a pas empêché d’être réélu pour un deuxième mandat finalement un peu écouté par un quarteron de galonnés qui lui a arraché le pouvoir.

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Une nouvelle fois la France est prise en défaut d’ingérence dans les affaires de ses anciennes colonies. Après son rejet ces dernières années par les pays du Sahel, par l’Algérie et d’autres, est-ce qu’en 2025 la France n’avait rien de mieux à faire que de s’ingérer dans la politique intérieure de Madagascar, pays avec lequel tous les comptes de la décolonisation sont encore loin d’avoir été réglés ? Cette intervention est assez incompréhensible pour le citoyen lambda d’autant plus qu’elle n’a été ni infirmée ni confirmée par les autorités françaises, mais semble avérée aux dires de la presse bien informée.

Dès le 23/10/2025, l’ambassadeur de France à Madagascar a rencontré le colonel « Président de la Refondation de la République de Madagascar » et publié un communiqué dégoulinant de bonnes intentions :

L’Ambassadeur de France a été reçu par le Président de la Refondation de la République de Madagascar, Monsieur Michaël Randrianirina, puis par le Premier Ministre, Monsieur Herintsalama Rajaonarivelo ce jeudi 23 octobre 2025. Il leur a présenté ses vœux de succès dans la mission importante qui les attend.

Au cours d’échanges riches et constructifs, l’Ambassadeur a rappelé combien la France était attachée à la relation avec Madagascar et avec la nation malgache. Il a présenté la variété des projets menés par la France à Madagascar et souligné le souhait de la France d’orienter la relation selon les besoins exprimés par les nouvelles autorités et par la population. Les principaux domaines d’action discutés ont été l’accès à l’eau et l’électricité, l’éducation, l’enseignement supérieur et la formation ainsi que la lutte contre la corruption. De nouvelles propositions seront faites par la France dans les prochaines semaines, dans une logique d’intérêt mutuel et en lien avec nos partenaires internationaux.

Les échanges ont également porté sur les défis politiques de la transition en cours et les perspectives de progrès démocratiques pour Madagascar. A cet égard, l’Ambassadeur a insisté sur la nécessaire prise en compte des aspirations démocratiques et légitimes exprimées avec force par la société civile et la jeunesse, qui a payé le plus lourd tribut lors des manifestations des dernières semaines. Il a souligné l’importance d’associer pleinement les civils au processus en cours et d’organiser des élections dans un délai raisonnable.

https://mg.ambafrance.org/Communique-5092

Cette permanence dans la politique française en Afrique est un peu désespérante.