Le Petit Palais poursuit ses expositions de peintres nordiques. Aujourd’hui c’est le finlandais Pekka Halonen (1865-1933) qui est à l’honneur. Cette rétrospective montre notamment ses peintures de paysages enneigés dont il était passionné. Il avait construit sa maison-atelier à Tuusula sur les bords d’un lac à une trentaine de kilomètres d’Helsinki. Il disait qu’il lui suffisait de sortir de chez lui pour plonger au cœur de son inspiration. Fasciné par la nature de ce pays rude il a peint la neige dans tous ses aspects, sur les forêts de bouleaux, sur les lacs gelés, sur les bourgeons des arbres ou sur les toits de maisons en bois. Cela donne des tableaux majestueux et apaisants, comme doivent l’être les grands espaces de ce pays nordique. Il a aussi peint avec talent des personnages, sa femme d’abord, et des enfants au bord de l’eau tellement blonds qu’ils ne peuvent venir que de Scandinavie, des pêcheurs, son frère violoniste, des paysans, des autoportraits… Tous ses tableaux sont empreints d’une grande simplicité, dégageant une douce sérénité.
Il a enrichi sa formation à l’occasion de plusieurs séjours à Paris où il fut notamment l’élève de Gauguin de retour de Tahiti en 1893. Il fut aussi un patriote finlandais qui s’est engagé pour défendre la culture et la souveraineté finnoises souvent mises à mal au cours de l’histoire.
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Rappel historique
Placée au bord de la mer Baltique, la Finlande a été envahie à de multiples reprises par des voisins guerriers peu soucieux de sa souveraineté. Dans l’histoire contemporaine, elle fut d’abord rattachée au royaume de Suède jusqu’au début du XIXe siècle. Puis en 1908 le tsar Alexandre 1er conquiert la Finlande à l’issue de la guerre russo-suédoise et lui donne le statut de Grand-duché rattaché à la Russie mais avec une autonomie limitée, puis les tsars suivants révoquèrent progressivement cette autonomie.
La Finlande obtient son indépendance durant la révolution bolchévique en 1917 ce qui n’empêchera pas l’Union soviétique d’attaquer le pays en 1939 (la guerre d’Hiver). Ce petit pays résiste vaillamment face à l’ogre communiste mais doit finalement céder des territoires contre l’engagement soviétique de ne pas envahir la Finlande résiduelle. Après quelques péripéties durant la seconde guerre mondiale où la Finlande a d’abord été assimilée aux forces de l’Axe alors que l’URSS avait signé un pacte avec l’Allemagne nazie, la Finlande se retrouve ensuite en guerre contre la Russie après que celle-ci a été envahie par l’Allemagne en 1941 (opération Barbarossa), avant de signer une paix séparée avec l’URSS qui la plaça du côté des Alliés, à la suite de quoi elle attaqua l’Allemagne qui occupait toujours son territoire. Le pays sort dévasté par ce conflit mondial et doit payer de lourdes indemnités de guerre à l’URSS.
Après la guerre et en application du traité de paix avec l’URSS, la Finlande est soumise à une stricte neutralité et l’interdiction d’adhérer à l’OTAN et autres mesures limitant sérieusement sa souveraineté. L’expression « finlandisation » vient de cette époque. Ce n’est qu’en 1995 après la fin de l’URSS qu’elle adhère à l’Union européenne et seulement en 2022 après l’invasion de l’Ukraine par la Russie qu’elle rejoint l’OTAN.


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