Les « bullshit jobs »de David Graeber

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David Graeber est un économiste américain iconoclaste, plutôt du genre libertaire. Il a produit un article hilarant en 2013 « Bullshit-jobs_David-Graeber » qui narre l’émergence de ces boulots parasites qui peuplent les marchés du travail occidentaux. Sa théorie est que le progrès technique a entraîné une baisse massive des emplois productifs (l’industrie pour faire simple) et plutôt que de baisser les heures travaillées par personne, nos sociétés ont choisi de créer moult emploi qui ne serve pas à grand-chose (juristes d’entreprises, consultants en ressources humaines, en communication, relations publiques, etc. Ce sont les « Bullshit jobs », les emplois foireux, un système à la soviétique que le marché ne devrait en principe pas tolérer, à moins qu’il ne soit pas aussi parfait qu’on ne le dit.

L’amélioration de la productivité aidant, le gâteau du travail à se partager diminue ou au mieux reste stable, mais plutôt que de donner plus de temps libre, Graeber pense que les dirigeants aux commandes du système n’aiment pas que le populo dispose de trop de temps libre et de bonheur, générateur de contestation voire de révolution. Donc on crée ces emplois improductifs et bureaucratiques, qui n’épanouissent pas les travailleurs concernés, ne créent que fort peu de richesse donc n’agrandissent pas le cake de la richesse à se partager, d’où nombre d’emplois précaires ou très peu payés.

En fait c’est la théorie des 35 heures des socialistes français des années 90’ : on partage mieux le marché du travail en travaillant moins par personne mais en créant plus d’emplois. Evidemment, il faut aussi mieux partager le gâteau des revenus qui lui est stable… c’est sans doute là que le bas blesse. Si la taille du cake est plus ou moins constante et que le nombre de convives augmente régulièrement, même un enfant peut comprendre la situation : soit la part moyenne par mangeur diminue, soit elle augmente pour certain et d’autres n’ont rien à manger. C’est assez simple. La vraie question est de savoir si le gâteau peut continuer à grossir en Occident !