L’une des plaies de notre société occidentale moderne est l’envahissement de la communication qui, petit à petit, prend le pas sur la raison et la décision. L’asservissement volontaire du monde politico-médiatique à la communication est un renoncement de premier ordre qui n’est pas toujours très compréhensible.
Les plateaux télévisés et les débats politiques, même sur les ondes les plus sérieuses, sont envahis de communicants, sorte de sorcières cruella se sentant pousser des ailes en déversant sur les téléspectateurs des commentaires vides de sens et sans l’ombre d’une réflexion. Ils ont chacun monté leur boutique de communication et cherchent à vendre du conseil au Prince et à ses affidés, ou à défaut, sur les plateaux mondains. Ils se croient indispensables à la démocratie et fréquentent les dîners en ville dont ils dégorgent les ragots en guise de réflexion politique. Ils s’inquiètent que le président de la République n’ait plus de directeur de la communication depuis plusieurs semaines et semble s’en porter comme un charme. Comme l’indique son nom, il s’agit de communication, donc pas de fond ni de raison. On ne commente pas les programmes ni les propositions (que le plus souvent personne n’a pris le temps d’analyser ni de comprendre) mais les médias utilisés ou les moments choisis ou la décoration du bureau du président… L’une des phrases les plus prononcées par les journalistes commence par : « mais en termes de communication et bla-bla-bla… ». Il serait souhaitable que dirigeants et commentateurs travaillent un peu plus sur le fond pour le bien de leurs électeurs et de leurs spectateurs. La communication ne sert à rien s’il n’y a rien à transmettre, elle n’est qu’un moyen qui ne peut pas cacher une absence de fond plus de quelques heures. Pour le moment elle sert surtout à masquer incompétence et indécision, mais cela ne dure qu’un temps… de plus en plus court.