GIDE André, ‘Les nourritures terrestres & Les nouvelles nourritures’.

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Sortie : 1897 & 1935, Chez : Le Livre de Poche 1258

« Les Nourritures terrestres » sont un récit-essai de presque-jeunesse (Gide a 28 ans) et l’un des premiers jalons d’une œuvre particulièrement longue et riche. C’est une sorte de long poème dédié à la vie qu’il vénère. Gide picore et restitue ses émerveillements tout au long de voyages dans la vieille Europe, au Maghreb et en Orient, mais aussi de plongées introspectives dans une âme torturée.

Il s’adresse à Nathanaël, disciple de Jésus, et décrit avec lyrisme l’enchantement d’une colline de Florence, d’une promenade en bateau à Syracuse, d’un jardin botanique à Montpellier, d’une causerie avec des poètes dans la chaleur du désert, bref, de toutes les étapes d’une vie nomade dédiée à la découverte et à la pensée.

En vers ou en prose, Gide se rapproche de Dieu car tous ses émerveillements y mènent, sans doute… S’il y a Dieu, il y a aussi le péché qui rôde. Volupté, ivresse, amours interdits, Gide évoque à mots pesés les démons du corps avec lesquels il compromet avec bonheur.

« Les Nouvelles Nourritures » paraissent en 1935, près de 40 ans plus tard. L’homme a mûri, le mysticisme prend progressivement la place de l’hédonisme, il s’est rapproché de la fin qui interviendra 18 années plus tard. Si Dieu est, sans doute, le créateur de la terre promise, il a compris la responsabilité de chacun dans le déroulement de sa vie et laisse comme une sorte de testament à ses lecteurs :

« Camarade, n’accepte pas la vie telle que te la propose les hommes. Ne cesse point de te persuader qu’elle pourrait être plus belle, la vie ; la tienne et celle des autres hommes ; non point une autre, future, qui nous consolerait de celle-ci et qui nous aiderait à accepter sa misère. N’accepte pas. Du jour où tu commenceras à comprendre que la responsabilité de presque tous les maux de la vie, ce n’est pas Dieu, ce sont les hommes, tu ne prendras plus ton parti de ces maux.

Ne sacrifie pas aux idoles. »

Outre son intellectualisme, une conclusion qui résonne de réalisme en ces années 2010′ marquées par le fanatisme religieux à travers la planète.