Sortie : 2019, Chez : Le Castor Astral / « A Day in the Life ».
Au début des années 90′ un adolescent s’étant initié au groupe britannique The Clash avec des rééditions, découvre, dix ans après sa sortie, Sandinista ! le triple album vinyle du groupe sorti en 1980. Il se fait alors la promesse d’écrire un jour un livre sur cette œuvre révolutionnaire du rock. En 2019, Vincent Brunner respecte sa promesse en racontant l’histoire de ce disque et des douze mois de la vie des quatre Clashs durant sa réalisation entre la Jamaïque, New-York et Londres.
6 faces, 36 morceaux, des influences musicales multiples : punk, rock, reggae, dub, ska, rap, rockabilly, des messages politiques révolutionnaires variés (la guerre, la drogue, les inégalités…), des invités nombreux : Mickey Dread (1954-2008, pape du reggae jamaïcain), Norman Watt-Roy (bassiste de Ian Dury), Ellen Folley (chanteuse « fiancée » de Mick Jones, guitariste du groupe), Tymon Dogg (musicien violoniste pote de Joe Strummer (1952-2002, chanteur-guitariste du Clash), Mickey Gallagher (claviériste de Ian Dury, et dont les enfants chantent une version de Career Opportunities, un classique punk du groupe), et d’autres. Cet album intelligent marqua un moment clé dans l’histoire du rock ou comment l’énergie punk pouvait être recyclée dans un rock plus subtil et ouvert.
L’enregistrement du disque démarre à Kingston en Jamaïque compte tenu de l’attachement du groupe pour le reggae, et particulièrement celui de Paul Simonon, le bassiste, élevé dans le quartier jamaïcain de Londres. Hélas, les Rolling Stones sont passés par là quelques mois auparavant et ont distribué de l’argent un peu partout pour avoir la paix dans ce pays en voie de développement soumis à une violence politique aigüe. Le Clash n’a pas les moyens de faire de même et de toute façon un tel comportement serait contraire à ses principes. Après l’enregistrement d’une seule chanson (Junco Partner) au studio Channel One de Kingston ils sont obligés de quitter la place rapidement sous la pression des gangs et racketteurs locaux.
Après avoir laissé quelques illusions à Kingston, le groupe écrit et enregistre la suite de l’album à New York, ville mythique pour les quatre britanniques qui, tous révolutionnaires qu’ils s’affichent, restent fascinés par cette cité créatrice et sordide à l’époque par certains aspects. Ils vont y rester plusieurs mois, Joe se consacrer aux textes, Mick à la musique, Topper (Headon, le batteur) à ses addictions pendant que Paul est absent car tourne un film au Canada sur feu Sex Pistols.
Le groupe est arrivé aux Etats-Unis déjà fort d’une certaine réussite commerciale (l’album London Calling a été très bien reçu) et du succès de ses tournées frénétiques qui lui ont donné une certaine aisance financière. Les musiciens sont logés dans de bons hôtels et profitent aussi de la vie sociale new-yorkaises pour des rencontres variées
Le résultat est magique, le groupe se bat avec CBS pour que le triple album soit commercialisé à un prix acceptable pour ses fans, le disque sort dans les bacs le 12 décembre 1980. L’accueil de la critique est mitigé. Le groupe organise alors une tournée avec des résidence dans différentes villes : 15 jours au Bond International Casino de New York en mai 1981 avec des rappeurs et du hip-hop en warmup, de Niro, Scorsese, Ginsberg… dans les spectateurs, 8 concerts au théâtre de Mogador à Paris deux mois plus tard où se pressent notamment Rachid Taha (Carte de Séjour qui collaborera ensuite avec Mick), Manu Chao (La Mano Negra), Jean-François Bizot (fondateur du magazine Actuel et de Radio Nova), MC Solaar et, notamment, votre chroniqueur.
Après ce fantastique et novateur album, le Cash sortira Combat Rock qui rencontra un franc succès commercial (Rock the Casbah, Should I stay or Should I Go). Un dernier album Cut the Crap est commercialisé après que Mick et Topper aient été virés. Joe dissout alors The Clash et ce fut bien ainsi. Il meurt brusquement en 2002 à 50 ans d’une malformation cardiaque qui n’avait jamais été diagnostiqué. The Clah restera un groupe majeur du rock du XXème siècle dont Sandinista ! fut l’œuvre la plus originale.