Ça va saigner

Au-delà des mesures sanitaires qui sont prise en France et dans le monde pour essayer de limiter les effets mortifères de l’épidémie actuelle de coronavirus, les Etats annoncent des plans de relance à coups de plusieurs centaines de milliards pour soutenir leurs économies durant cette période qui devrait être en principe provisoire. Il faut éviter les faillites en cascade d’entreprises de toutes tailles afin qu’elles aient la capacité de reprendre leurs activités lorsque l’épidémie touchera à sa fin. En France ce serait 33% de l’économie qui serait actuellement à l’arrêt. La République française annonce un premier plan de 300 milliards d’euros pour soutenir les entreprises et le chômage partiel ainsi qu’éventuellement des nationalisations si le besoin s’en fait sentir, la Banque centrale européenne prévoit une injection de liquidités de 750 milliards pour la zone euros, y compris du rachat de dettes publiques, les Etats-Unis annoncent 2 000 milliards de soutien, etc. Ce sont des méthodes « coup de massue » qui n’avaient pas été employées lors de la crise de 1929 mais qui avaient mise en œuvre après la crise des traders-fraudeurs de 2008. Espérons qu’elles seront efficaces également pour cette crise sanitaire d’un nouveau genre.

Ce que ne disent pas les dirigeants à Mme. Michu c’est que c’est elle qui va payer toutes ces dépenses in fine. En cela l’après crise devrait être particulièrement intéressante lorsqu’il faudra passer à la caisse. Bien évidemment les corporations qui auront pris des risques pour lutter contre l’épidémie réclameront des sous en dédommagement, le corps médical sera au premier plan, mais pas seulement. Les forces de sécurité notamment devraient aussi être en première ligne pour les revendications financières. A ce stade le pouvoir ne remplit que la colonne des dépenses, celle des recettes est laissée sous le tapis mais il faudra bien l’aborder à un moment ou à un autre. Les méthodes habituelles seront mises en œuvre : création monétaire puis que Banque centrale et Union européenne acceptent d’ouvrir les vannes, création qui ne déclenche toujours pas d’inflation ce que les économistes n’arrivent pas vraiment à expliquer, augmentation des impôts (voire rétablissement de l’impôt sur les grandes fortunes – ISF), baisse des dépenses de certains budget jugés dispensables (faut-il vraiment dépenser des milliards pour organiser des jeux olympiques à Paris en 2024 ?), etc. Mais ce qui est sûr c’est que ce sont bien les citoyens et les entreprises qui vont payer l’addition ce qui risque de déclencher des réactions violentes en France où la moindre réforme entraîne généralement manifestations et émeutes.

Evidemment, les pays mal gérés comme la France ou la Grèce, en déficit de leurs finances publiques depuis des décennies, n’ont pas su mettre des sous de côté lors des cycles économiques positifs. C’est la fable de la cigale et la fourmi. Il est sans doute peu probable que les générations actuelles verront un jour la République devenir la fourmi…