La Pologne et la Hongrie bonnets d’âne de l’Union européenne

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La Pologne et la Hongrie ont mis leur veto au budget pluriannuel (2021-27) de l’Union européenne ainsi qu’au plan de relance, soit au total à peu près 2 000 milliards d’euros. Ces deux pays d’Europe de l’Est s’opposent à ce que le versement des fonds soit conditionné au respect des valeurs démocratiques qu’eux même ne respectent pas intégralement. Du coup, tout est bloqué en attendant un marchandage qui viendra bien un jour. A partir du moment où certaines décisions doivent être votées à l’unanimité, un seul Etat membre peut donc bloquer le mécanisme en votant contre.

La France a fait exactement la même chose au mitan des années 1960 avec la fameuse « politique de la chaise vide » menée sous l’égide de MonGénéral alors installé à l’Elysée. La France avait alors refusé de siéger au conseil des ministres européens durant plusieurs mois bloquant de facto toute décision. Il s’agissait à l’époque pour la France justement d’empêcher l’abandon du principe de l’unanimité au profit d’un système majoritaire. Un compromis fut trouvé.

Au-delà de ces questions électorales, le problème de fond ne fait que s’aggraver au fur et à mesure de l’élargissement de l’Union européenne à des pays exotiques. D’un club de six pays riches à l’origine, et à peu près d’accord sur un corpus de principes démocratiques communs, on a ouvert l’auberge espagnole à tout va et plus d’une vingtaine de pays tiers, souvent divers, parfois exotiques, sont rentrés. Chacun est arrivé avec ses objectifs nationaux et sa capacité de nuisance, plus le club grandit, plus la cacophonie s’intensifie et plus le concept de politique communautaire devient irréaliste.

Et ça n’est pas fini, demain les négociations d’adhésion avec la Macédoine du nord et l’Albanie vont être lancées. La France a tenté de s’y opposer quelques semaines avant de s’incliner en mars 2020, sans doute à la suite d’un marchandage de couloirs. On se demande bien qui pourrait expliquer les avantages d’un tel élargissement qui s’annonce comme une mine de problèmes, y compris pour les candidats à l’adhésion. Qu’on y pense juste une minute : l’adhésion de l’Albanie et de la Macédoine à l’Union européenne ! Si ces deux pays ont besoin de sous pour financer leur développement il existe des mécanismes européens qui le permettent, mais les intégrer dans le processus politique européen n’est que chronique d’un désastre annoncé. Vous avez aimé la Bulgarie et la Roumanie ? Vous allez adorer l’Albanie et la Macédoine du Nord !

Le mouvement d’accueil des nouveaux pays sera désormais difficile à inverser, sauf si la sortie du Royaume-Uni à la fin de l’année se déroule bien, mais il faudra au moins dix ans pour juger de son résultat avant peut-être de provoquer de nouvelles vocations de départ… En attendant, il faut donc gérer la diversité et les capacités de nuisance des uns et des autres. C’est le jeu de billes dans une cour d’école mais c’est ainsi que cela marche dans un groupe dont la majorité des membres a abandonné l’esprit des pères fondateurs de l’Europe.