Les agences de notations notent

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L’agence de notation Moody’s offre des comptes gratuits pour ceux qui veulent découvrir les antres de ces institutions. Beaucoup de documents sont réservés en accès payant mais on peut quand même accéder à certains et notamment constater que l’Etat français est toujours affublé de la meilleure note Aaa, « sans surveillance » (la meilleure, par exemple le Portugal est Aa2 « sous surveillance négative ») quand la Grèce est A3, la pire note étant C, réservée aux valeurs spéculatives.

L’agence explique par ailleurs que le plan d’austérité mis en place en Grèce aura des conséquences négatives sur la qualité du crédit de ce pays, donc nouvelle dégradation de note à prévoir. C’est le serpent qui se mord la queue. S’il faut augmenter la dette pour financer la croissance et rembourser la dette on est dégradé, si on lance un plan de rigueur pour contrôler la dette on est dégradé. Entre les deux, personne n’ose vraiment annoncer la solution qui sera un défaut partiel de la Grèce (et probablement d’autres pays) sur une partie de la dette. Le mot qui fâche est celui de restructuration et il est plus que probable qu’une partie de la dette gigantesque qui pèse sur les économies occidentales ne sera pas remboursée.

Les créanciers largement appuyés par les agences de notation panurgistes anticipent ce risque. L’énergie qu’ils ont déployée pour forcer l’Union européenne à mettre en place un plan de sauvetage de la Grèce procède de cette évaluation. Ils ont réussi à forcer les Etats européens à prendre en charge la dette publique grecque en cas de défaut de cet Etat. En gros ils ont mutualisé leur risque en le transférant sur le contribuable européen. C’est l’éternelle histoire de la privatisation des profits et de la publicisation des pertes. Des banques et fonds privés qui ont prêté à leurs propres risques à des Etats impécunieux ont réussi à faire prendre en charge leurs pertes futures par les contribuables. Evidemment ce sont notamment nos petites économies que ces banques ont prêtées et un défaut total des débiteurs posera des problèmes non seulement aux banques, mais aussi à leurs déposants, c’est-à-dire nous tous.

C’est à ça que servent les restructurations de dettes. Créanciers et débiteurs se mettent autour d’une table et discutaillent sur ce qu’il est possible d’abandonner. L’exercice a été mené en Amérique Latine dans les années 80, en Asie en 1998. Il y a eu de la casse mais chacun y a mis du sien : les contribuables des Etats concernés, les banques créancières et une solution a été trouvée. Il s’agit que les prêteurs qui ont pris du risque y laisse quelques plumes, ni trop ni pas assez, cela amènera une baisse provisoire de leurs profits. Les contribuables devront payer un peu plus d’impôt, c’est la vie et l’inéluctable conséquence d’avoir vécu trop longtemps au-dessus de ses moyens.