ELLIS Bret Easton, ‘American psycho’.

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« American psycho » est le grand œuvre de Bret Easton Ellis, dans la même veine que les précédents mais encore plus cynique et sanglant. C’est l’histoire d’un yuppie new-yorkais à la fin des années 1990, riche, nageant dans le consumérisme tape-à-l’œil permis à cette classe de nouveaux riches. Jusqu’ici rien que de très classique dans le monde d’Ellis si ce n’est que Patrick Bateman, le yuppie en question, est un psychotique dangereux dont on ne saura pas s’il exécute les crimes atroces décrits dans le roman, ou s’il ne fait que les rêver.

Le mode descriptif du milieu dans lequel évolue Bateman est proprement hilarant. Celui-ci n’est obnubilé que par les marques des habits portés par lui et ceux qu’il rencontre. Chaque fois qu’un personnage intervient dans le scénario, Bateman note par le menu détail toutes les marques portées, des chaussures à la cravate, avec souvent mention du prix, ce qui prend à chaque fois une dizaine de lignes. C’est un peu lassant mais l’effet de répétition marque l’inanité de ces personnes dont l’une des principales activités consiste à d’abord réfléchir dans quel restaurant hype ils vont pouvoir réserver pour leurs repas, puis de parler de rien dans ces lieux tout en cherchant à reconnaître qui de leurs congénères dînent aux tables à côté ou qui couche avec qui ? Une autre obsession est celle du corps et tout ce beau monde passe un temps infini à soigner ses abdos dans les clubs chics de musculation et les boutiques vendant des produits de beauté de luxe.

Il n’est jamais question d’activités professionnelles dans ce roman comme si c’eut été vulgaire de le faire. L’argent coule à flot de toute façon et sa provenance n’a guère d’importance. Le côté sombre de Bateman transparaît dans les chapitres consacrés à ses crimes particulièrement horribles.

Le style d’Ellis est fait de courts chapitres alternant la description d’une soirée dans une boîte chic avec celle d’une orgie-tuerie sanguinolente menée par Bateman. Il est basé sur la répétition de comportements vides de sens de cette population new-yorkaise qui a perdu tout contact avec la vraie vie. Bien entendu, l’excès et la concentration de ces personnages, souvent ubuesques, dans les 500 pages de ce roman lui donnent son côté désopilant. Publié en 1991 il brosse une réalité qui éclatera au grand jour lors de la crise qui fera exploser la planète financière en 2008 où l’on découvrira les comportements asociaux et frauduleux d’un clan de financiers surpayés ayant perdu tout contact avec la réalité et abandonné toute barrière morale. Le pouvoir laissé à ces escrocs clinquants généra une des grosses crises financières du monde capitaliste occidental qui coûta beaucoup à l’ensemble des contribuables dans les pays concernés. Bret Easton Ellis a bien cerné ces personnalités dans « American Psycho » !