Encore un peu tôt pour crier au génie de François Pérol

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Polémique sur la déontologie de la nomination du Sieur Pérol à la tête des Banques Populaires mariées en urgence avec les Caisses d’épargne, les unes et les autres coupablse d’avoir joué et perdu avec notre épargne. Le contribuable est appelé à la rescousse pour réparer les bêtises de la gestion passée d’une direction défaillante qui a voulu faire de la « banque d’affaires » avec l’épargne populaire. Que l’Etat nomme un patron de son cru alors qu’il met quelques milliards au pot se comprend. Que la commission de déontologie anti-pantouflage soit un peu bousculée en ces temps de crise ne nous empêchera pas de dormir. En revanche que la classe politique unanime reconnaisse a priori des compétences incontestables audit Pérol est pour le moins étrange.

Ce monsieur a traîné dans de nombreux cabinets ministériels puis a fait un petit tour à la banque Rothschild, archétype de la banque d’affaires, institutions dont on ne dira jamais assez combien elles portent une lourde responsabilité dans la crise actuelle. Peuplées de divas surpayées elles ont des années durant poussé les entreprises à se manger les unes les autres, mis dans la tête « des investisseurs » qu’ils pouvaient escompter jusqu’à la fin des temps des rendements de 15% et autres billevesées. Pérol fut l’un des leurs. Comme le remarque l’hebdomadaire Marianne, son cv est assez proche de celui de Messier lorsqu’il a pris les commandes de la Générale des Eaux et dont l’un comme l’autre n’ont guère eu à gérer vraiment que leur secrétaire… selon le mot de Jacques Calvet, l’ex PDG de PSA, lorsqu’il s’était opposé à la nomination de Jean-Marie Messier au sein du Conseil d’administration de la Générale des Eaux. On peut bien laisser le bénéfice du doute à Pérol pour le moment mais il n’est sans doute pas encore temps de crier au génie !

Extrêmement comique également dans cette affaire, c’est que Pérol lorsqu’il était chez Rothshild a participé à la création de la « banque d’affaires » Natixis, filiale commune des Banques populaires et des Caisses d’épargne, et source de tous leurs problèmes. Pour paraître à la hauteur dans les dîners mondains ces deux institutions ont créé leur banque d’investissement… qui a perdu 2,8 milliards d’euros en 2008, mettant ses deux maisons mère au bord de la faillite.

Pour diriger ce nouvel ensemble Banques Populaires / Caisses d’épargne le bon patron régional de l’une ou l’autre institution, les pieds sur terre, le bon sens vrillé au corps, loin des mondanités financières et de leur « exubérante irrationalité » aurait semblé plus raisonnable.