Elie Domota, syndicaliste indépendantiste antillais, directeur-adjoint de l’ANPE dans son île, traité de « tonton macoute » par Frédéric Lefevbre le porte-parole de l’UMP aux cheveux longs et gras, fait une déclaration sur les entreprises guadeloupéennes :
« Soit ils appliqueront l’accord (prévoyant une augmentation salariale mensuelle de 200 euros), soit ils quitteront la Guadeloupe. Nous sommes très fermes sur cette question-là. Nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l’esclavage ».
Le microcosme politico-médiatique s’émeut de cette tonitruance mais il n’y a rien de vraiment nouveau sous le soleil ! C’est la version cocotier de « la valise ou le cercueil » qui a plutôt réussi qui FLN algérien.
Le peuple sait bien au fond de lui que les iles antillaises seront un jour indépendantes. L’économie est coloniale, Domota a raison, mais la seule façon malheureusement de mettre fin à ce triste état de fait c’est de mettre fin à ladite colonisation. Il ne sera pas possible de le faire dans le cadre juridique actuel. Ce nouvel avatar de la résistance guadeloupéenne ne fait que confirmer ce sentiment : un fonctionnaire de l’Etat français négociant contre des entreprises locales à coups de menaces et de piquets de grève musclés, c’est tout le déprimant symbole de l’incohérence antillaise qui n’a point été brisé cette fois-ci encore. Un nouveau combat gagné comme les précédents, en apparence seulement, le contribuable métropolitain paiera, mais perdu sur le fond, celui de la maturité comme celle dont a fait preuve le peuple de Nouvelle-Calédonie qui est en route vers l’indépendance et du coup a retrouvé cette « dignité » dont les départements d’outre-mer disent que la leur est tellement attaquée.
Le préambule de l’accord salarial obtenu au forceps est parlant, il suffit maintenant de le mettre en œuvre :
« Considérant que la situation économique et sociale actuelle existant en Guadeloupe résulte de la pérennisation du modèle de l’économie de plantation ; considérant que cette économie s’appuie sur des rentes de situation, de monopole, des abus de positions dominantes qui génèrent des injustices ; considérant que ces injustices touchent aussi bien les travailleurs que les acteurs économiques endogènes ; considérant que ce sont autant d’obstacles au développement économique endogène et à l’épanouissement social ; considérant la nécessité de faire tomber tous ces obstacles en instaurant un ordre économique nouveau prônant une revalorisation du travail de chacun (chefs d’entreprise et salariés) et promouvant de nouveaux rapports sociaux ; considérant que les parties conviennent à ce titre de la nécessité d’une revalorisation substantielle du pouvoir d’achat par un relèvement des bas salaires selon les modalités qui suivent. »