L’erreur tragique de 1974 sur Mayotte, ses conséquences inextricables

Depuis l’erreur tragique commise en 1974 par la France en manipulant le référendum d’autodétermination de l’archipel des Comores de façon que le scrutin soit décompté par île et non pas pour l’archipel d’un seul bloc, la République française compte un territoire perdu dans le canal du Mozambique, Mayotte, et ce confetti va de Charybde en Scylla, s’enfonçant toujours plus dans la misère et la violence sans guère de solutions pour sortir de ce marasme. La départementalisation proposée par un gouvernement stupide en 2010 via un référendum local qui fut bien entendu approuvé à plus de 95%, n’a rien changé sinon accroître encore les attentes et les frustrations des mahorais.

Ces dernières années, l’île de Mayotte s’est transformée en plateforme d’immigration illégale de migrants venant des autres îles de l’archipel des Comores devenues indépendantes en 1974, attirés par le niveau de vie français et la possibilité d’être un jour régularisés en obtenant la nationalité française. Nombre de parturientes comoriennes viennent accoucher à Mayotte afin que leurs enfants y bénéficient du droit du sol et obtiennent automatiquement un passeport français, rendant ainsi plus difficile l’expulsion des parents en situation illégale. Ce droit « du sol » a même été restreint par l’administration pour tenter de décourager les candidats à la traversée des Comores vers Mayotte qui ne fait qu’une petite centaine de kilomètres mais durant laquelle plusieurs milliers de migrants ont déjà péri en mer.

Ces derniers mois une violence endémique s’est développée sur ce caillou où la simple compréhension des lois de la République par les citoyens relève du rêve, et leur application strictement s’avère impossible. Les Comores indépendantes passent des accords avec la France en contrepartie d’aides financières mais savonnent consciencieusement la planche de Paris puisqu’elles ont pour objectif de réunifier Mayotte à sa mère patrie, d’autant plus que la France n’a pas laissé que des bons souvenirs aux Comores. On se souvient des « exploits » du mercenaire Bob Denard que Paris a laissé co-diriger le pays pendant des années avant de mettre fin à cette galéjade par une opération militaire qui permit d’arrêter le mercenaire et sa troupe de pieds nickelés en 1995.

La communauté internationale va dans le même sens et l’Organisation des Nations Unis (ONU) a inscrit Mayotte dans la lite des pays à décoloniser. Dans différentes résolutions, systématiquement renouvelées, son l’Assemblée générale rappelle « la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composé des îles d’Anjouan, de la Grande Comore, de Mayotte et de MohéliRéaffirme la souveraineté de la République fédérale islamique des Comores sur l’île de Mayotte » et « prie instamment le Gouvernement français d’accélérer le processus de négociation avec le Gouvernement comorien en vue de rendre rapidement effectif le retour de l’île de Mayotte dans l’ensemble comorien ». Cela va de soi.

Lire aussi : UN_Mayotte_1994.pdf

A chaque assemblée générale de l’ONU le président comoriens réaffirme sa volonté de réunification de Mayotte soutenu par les pays membres.

Devant l’exaspération des mahorais en situation légale et la récupération politique à laquelle de se livrent les partis d’opposition en métropole avec gourmandise afin de stigmatiser « le laxisme » du gouvernement, le ministre de l’Intérieur déclenche cette semaine une opération « nettoyage » prévoyant la destruction des bidonvilles construits par les migrants et l’expulsion des illégaux. Comme ils viennent à plus de 90% des îles proches des Comores, les dirigeants de pays ont déjà averti qu’ils refuseraient de réadmettre leurs citoyens… C’est grosso-mode le genre de refus qu’essuie la France de la part de toutes ses anciennes colonies lorsqu’elle veut y expulser leurs ressortissants en situation illégale ou, pire, condamné pour délinquance. C’est la revanche des anciens damnés de la terre. Bienvenue dans le monde des relations post-coloniales !

En réalité la France n’a aucune autre solution pour se sortir de ce bourbier que de restituer cette île colonisée à sa « maison-mère ». Personne n’ose le dire mais tout le monde le pense (sauf les mahorais bien sûr). Ce sera évidemment tragique, une sorte d’indépendance algérienne en modèle réduit. Le problème serait essentiellement humain puisque les citoyens français installés sur l’île, d’origine mahoraise ou expatrié, s’opposeraient à cette décolonisation. Il faudrait pouvoir leur donner le choix : soit rester sur place, soit émigrer dans un autre territoire français. Il y doit y avoir aujourd’hui environ 300 000 habitants à Mayotte dont 1/3 d’illégaux. Il faudrait donc pouvoir accueillir au maximum 200 000 citoyens en France si Mayotte était restituée aux Comores.

Ce ne sera pas simple à réaliser mais ce serait conforme au droit international et la seule solution pour se débarrasser du problème sans trop nuire aux habitants français de l’île qui auraient ainsi la possibilité de garder cette nationalité s’ils le souhaitent. Continuer sur la voie actuelle ne fera qu’amener de nouveaux déboires, et probablement des drames bien plus graves que ceux rencontrés jusqu’ici. Le statuquo ne fera qu’empirer la situation et plus on attendra, plus le passif à régler sera lourd. Aller sur cette voie sera long et demandera un courage politique à la hauteur de celui que MonGénéral a déployé en 1962 pour conclure l’indépendance de l’Algérie. Espérons pour les générations futures qu’un dirigeant français osera initier ce processus d’indépendance de Mayotte. A défaut, le problème sera reporté sans fin sur nos enfants.

La devise du Département : « Ra Hachiri » signifie « Nous sommes vigilants », on ne saurait mieux dire !

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La Corse et ses démons

La Corse est l’objet ces dernières semaines de descentes de police dans les milieux nationalistes et mafieux qui ont donné lieu à de nombreuses gardes à vue. Ce sont souvent les mêmes têtes qui réapparaissent, marquant les liens oh combien troubles entre les milieux nationalistes et ceux du grand banditisme. C’est un peu chaque fois les mêmes histoires de personnes lourdement armées, récidivistes, circulant sur l’Ile dans des voitures blindées, détenant des armes sérieuses à leurs domiciles et dans leurs voitures, impliquées dans des évènements violents et des trafics en tous genres et, souvent, dans les milieux politiques « nationaliste », tous protégés par une omerta de rigueur en Corse tant les traditions claniques y sont fortes et dangereuses pour ceux qui s’en exonèrent.

Cette situation est devenue si difficile à cacher que l’assemblée corse elle-même a estimé nécessaire de s’en saisir sans que l’on ne sache vraiment ce qui est sorti de cette auto-saisine par une institution où cohabitent majoritairement des indépendantistes et des nationalistes. Vu les pédigrés de certains élus il y en a qui ont dû tousser lors des débats…

L’assemblée de Corse devant la violence endémique qui prospère sur l’ile

L’arrestation de Charles Pierri (72 ans) est caractéristique à cet égard : dirigeant de différents courants du FLNC (Front de libération national corse) qui a été multi-condamné pour extorsion de fonds, financement du terrorisme et autres joyeusetés du même ordre, a fait de la prison, qualifié dans un tweet la femme du préfet Erignac assassiné en 1998 d’être « le symbole de la femme française. Ces courageuses femmes françaises qui, de 1940 à 1944 réussirent à faire 400 000 petits bâtards aux valeureux soldats du 3e Reich. » (Délicat !). Il vient d’être à nouveau mis en examen en décembre dernier pour association de malfaiteurs et détention d’armes. C’est à désespérer !

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Au-delà de sa personne qui ne représente qu’un intérêt mineur, il est symbolique de l’incompatibilité de la Corse avec la République française et « l’Etat de droit », base de son organisation démocratique. Les négociations sur « l’autonomie » de l’île ont démarré cahin-caha avec l’Etat français à l’été 2022. Elles doivent véritablement déboucher sur une autonomie-responsabilisation de ce territoire comme prémices à son indépendance. Celle-ci sera longue, douloureuse et coûteuse à obtenir (surtout pour les contribuables continentaux) mais elle doit être clairement la direction fixée.

L’exemple de la Nouvelle-Calédonie et du processus initié en 1988 par Michel Rocard, premier ministre, est un modèle en ce sens. Certes il n’a pas encore permis de rendre son indépendance à cet archipel colonisé, mais il a été mené entre gens intelligents et constructifs qui ont décidé de mettre fin aux violences pour chercher une solution commune vers une indépendance librement consentie par référendum. Une majorité en ce sens n’a pas encore été trouvée en Nouvelle-Calédonie pour le moment mais elle pourrait peut-être émerger en Corse si l’on s’occupe sérieusement du sujet tant à Paris que sur « l’Ile de beauté » plutôt que de se parler à coups de pétoires ou de procédures judiciaires.

Il faut identifier des gens courageux à Paris comme en Corse pour oser proposer des solutions définitives et la méthode pour y parvenir. C’est l’intérêt de la Corse comme celui de la France !

L’assemblée de Corse devant la violence endémique qui prospère sur l’ile

Schvartz / Charlie Hebdo (14/07/2021)

Dans un discours plutôt novateur, la présidente de l’assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, a fait un discours ce 18 novembre reconnaissant que la violence gangrène l’ile et ses milieux économiques et politiques

La session d’aujourd’hui est aussi nécessaire que difficile. Difficile parce que le sujet principal a trait à la violence criminelle, trop souvent à la mort et toujours à la peur.
Et qu’il est difficile pour des élus et à fortiori des citoyens de parler de ce qui est douloureux ou de ce qui impressionne.

Difficile aussi parce que cette criminalité s’exerce sous de multiples formes et que ses modalités opératoires comme son emprise sont parfois insondables et – quoi qu’on en dise – y compris pour des élus.

Ce discours n’est pas vraiment opérationnel mais a le mérite de voir la vérité en face. Il était temps. Il fait suite à un énième assassinat, celui de Massimu Susini en 2019, un militant anti-mafia dont on n’a jamais retrouvé les assassins comme d’ailleurs la plupart des meurtres dans cette ile tant l’omerta traditionnelle est prégnante.

Un discours politique corse ne serait pas complet sans une attaque de l’Etat français. Celui-ci ne déroge pas à la règle mais au moins ne tergiverse-t-il pas avec une réalité qu’il est difficile de contester :

Nous sommes donc aujourd’hui réunis pour débattre sans tabou des dérives mafieuses et pour initier un travail de fond vital à la résolution de la crise que traverse la Corse. Car il existe aujourd’hui en Corse une frange de la population qui fait passer ses intérêts avant ceux de la Corse et des Corses, intérêts qu’elle défend en utilisant une réserve de violence et qui empêche les uns d’entreprendre, les autres de développer, parfois certains de respirer.

C’est peut-être le début d’un processus mais extirper les comportements mafieux et claniques qui régissent l’environnement de cette région va être long et difficile, dans la mesure où la majorité de la population entérinerait la démarche de son assemblée, ce qui n’est pas encore gagné !

Lire le discours complet sur : https://www.isula.corsica/assemblea/Discorsu-di-a-Presidente-di-l-Assemblea-di-Corsica-di-u-18-di-nuvembre-di-u-2022_a935.html

Patrick Chamoiseau et le « système d’outre-mer »

Ecrivain martiniquais, prix Goncourt 1992 pour son roman « Texaco », publie une intéressante chronique dans le Journal Le Monde du 7 septembre. Il y constate, comme tout le monde, que le « système outre-mer » est une « ténèbre d’archaïsme et d’aberrations ». Il y qualifie les départements et territoires d’outre-mer de « peuples-nations sans Etat » et la loi sur la départementalisation de 1946 de « loi d’assimilation ».

Le diagnostic de Chamoiseau est implacable et réaliste, écrit dans le style flamboyant et un peu abscons propre à l’auteur, il indexe autant les politiques locaux avides d’exonérations fiscales, de subventions ou du « rattrapage d’un retard millénaire » que la France cherchant à « maintenir actif un paradigme colonial ».

Le « système outre-mer » a généré un « syndrome du poulailler » où – même si la cage grillagée est suffisamment large pour battre des ailes sur quelques mètres – aucune poule ni aucun coq vaillant n’a le cœur à voler. Enfin, ce n’est pas un but en soi : c’est un processus.

Que propose Chamoiseau pour résoudre cette inextricable situation qu’aucun gouvernement métropolitain ni pouvoirs outre-mer n’ont jamais réussi à faire bouger ? Rien de bien neuf sinon un moulinet de grands mots.

Cela demande une nouvelle Constitution française, qui inscrirait dans son marbre un cadre juridique du devenir – un curseur sécurisant adapté à la diversité du monde, aux multiplicités infranationales et aux incertitudes de ce qui vient. Ce cadre, et ses implications en matière de politiques publiques, à commencer par le champ culturel, permettraient à nos peuples-nations de vivre sans crainte leurs projections, et d’aller au bout de leurs diverses, imprévisibles, irréductibles, maturations.

C’est beau comme l’antique mais aussi inutile qu’un vol de mouettes sur la mer Caraïbe. Chamoiseau pense-t-il véritablement qu’un changement de la constitution française fera évoluer le « poulailler » vers plus de sérénité et d’apaisement ? Sans doute pas mais il n’ose prononcer le seul mot qui vaille, celui de « l’indépendance » ! Alors plutôt que de deviser sur la « responsabilisation », Patrick Chamoiseau pourrait utiliser son aura et son talent pour initier et accompagner l’évolution de son peuple « d’outre-mer » vers l’indépendance qu’il mérite et qu’il redoute.

En attendant l’autonomie, la Corse donne dans toujours plus de violence et d’omerta

Schvartz / Charlie Hebdo (14/07/2021)

Les assassinats continuent à pleuvoir sur la Corse comme à Gravelotte. Le dernier en date a eu lieu fin juin à Propriano où un entrepreneur local dans la construction (Jean-Christophe Mocchi) a été abattu alors qu’il prenait un verre avec des amis dans un bistrot. Le garçon avait déjà fait l’objet de tentatives d’assassinat et vivait dans la crainte d’être tué. Il avait révélé au journal Le Monde qu’une sombre histoire foncière l’opposait à une partie de sa famille mais avait toujours refusé de donner le nom de ceux qui avaient déjà tenté de l’assassiner, les protégeant ainsi de poursuites judiciaires.

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La plupart de ces crimes restent impunis du fait de l’omerta qui règne dans cette région laissant des bandes mafieuses mettre l’ile à feu et à sang dans trop craindre la justice française. Des avocats de ces clans sont parfois impliqués dans les « affaires » de certains de leurs clients… Le monde politique local se fait une raison et cohabite avec la mafia qui tient une partie de l’économie. Un tiers des quelques électeurs qui se sont déplacés pour aller voter se sont prononcés pour Marine Le Pen à la présidentielle et ont élu une majorité de députés « autonomistes » en juin qui vient ainsi consolider la Collectivité de Corse[1] déjà présidée par un autonomiste.

Devant la violence antifrançaise qui se manifeste et l’incompatibilité désormais avérée de la Corse dans la République, l’Etat a proposé aux élus de l’ile d’ouvrir des négociations d’autonomie qui doivent démarrer ces jours-ci à Paris. C’est une excellente initiative pour peu que l’on n’oublie pas que l’objectif à long terme est, bien entendu, la décolonisation totale de cette ile par une retour à son indépendance et une pleine souveraineté.

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[1] Entité spécifique de la Corse réunissant les anciennes institutions départementales, présidée par Gilles Simeoni et dont le site web est majoritairement rédigé en dialecte corse : https://www.isula.corsica/.

Omerta corse ou association de malfaiteurs

"Les Français dehors" (traduit du dialecte corse)

La justice française est en train de renoncer à faire la lumière dans l’affaire de l’assassinat en 2012 de Jacques Nacer, président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse du Sud. Cet assassinat s’est déroulé un mois après celui du bâtonnier de la ville d’Ajaccio, Me Antoine Sollacaro. Dans l’affaire Nacer, un non-lieu général vient d’être émis, faute d’éléments. Il met fin aux investigations et les coupables resteront certainement impunis.

Ces assassinats en série fleurent bon les règlements de comptes entre clans mafieux. On a évoqué la bande « du Petit Bar », Alain Orsoni, Jacques Santoni, bref, toute la fine fleur du banditisme corse teinté de revendications nationalistes. Tout ce petit monde s’assassine et se tient par la barbichette et, surtout, respecte une redoutable omerta qui protège les uns et les autres des foudres de la justice.

Les mafieux corses préfèrent régler leurs comptes directement entre eux plutôt que de laisser agir le pouvoir judiciaire censé protéger les citoyens de leurs errances. La population semble ne guère leur en vouloir et participe d’ailleurs plus ou moins à l’omerta. C’est une preuve supplémentaire de l’incompatibilité de la Corse avec la République française. Cela tombe bien car les premières négociations sur l’autonomie sont programmées maintenant qu’un nouveau gouvernement a été désigné à Paris. Il faut rapidement avancer vers cette autonomie préalable à une totale indépendance qui est la seule voie pour organiser un futur serein et apaisé à la Corse qui fut rattachée à la France en 1769.

La Corse enterre un « héros »

La dépouille d’Yvan Colonna a été rapatriée et inhumée en Corse. Colonna rappelons-le a été assassiné par un détenu djihadiste franco-camerounais dans la prison d’Arles où il purgeait une peine de prison à perpétuité à la suite de l’assassinat du préfet Erignac en 1998 (3 balles dans la tête tirées de dos), crime dont il s’est toujours déclaré innocent.

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La collectivité de Corse a décidé la mise en berne des drapeaux (français, corse et européen) et le président de son conseil exécutif a fait partie de ceux qui ont porté le cercueil recouvert du drapeau corse à son arrivée dans le territoire. L’île est couverte de graffitis à la gloire d’Yvan Colonna et contre « l’Etat français assassin ».

S’agissant de celui qui a été déclaré coupable de l’assassinat d’un préfet de la République, cette réception en dit long sur le fossé qui sépare maintenant la Corse de la France, voire la haine qui anime nombre de ses habitants lorsque l’on voit la violence des émeutes qui se sont déroulées sur place après l’agression contre Colonna. Souhaitons que pour un avenir serein, des négociations sérieuses soient lancées rapidement avec pour objectif ultime l’indépendance de la Corse qui est la seule solution véritablement efficace pour les deux parties. Et s’il faut garantir la réussite de ce processus en maintenant des flux financiers importants de la France vers une Corse souveraine, eh bien faisons-le, ce sera le prix à payer pour avoir colonisé cette île en 1768 qu’il n’aurait jamais fallu acheter à la République de Gênes. Si cette erreur géostratégique n’avait pas été commise sous Louis XV la Corse coulerait sans doute des jours heureux, indépendant ou italienne. Mais on ne refait pas l’Histoire, cependant on peut essayer de la corriger.

Le plus important pour un futur statut, en attendant une pleine souveraineté, est que la Corse soit responsable de ses actes, ce qu’elle n’est pas aujourd’hui où, par exemple, chaque fois qu’un centre des finances publiques est détruit par des furieux, il est immédiatement reconstruit grâce à la générosité des contribuables français.

L’indépendantiste corse Colonna est mort

Yvan Colonna n’a pas survécu à l’agression par un terroriste religieux dans sa prison d’Arles. Il est décédé hier sans avoir jamais repris conscience depuis son agression le 2 mars.

Colonna a été condamné à trois reprises pour le meurtre du préfet Erignac en 1998 (3 balles dans la tête tirées de dos) mais il a toujours clamé son innocence. Il avait été dénoncé par ses « camarades » nationalistes comme étant le tireur avant que ceux-ci ne reviennent sur leur dénonciation. Depuis son agression, ses avocats et les partisans d’une Corse éloignée de la France défilent sur les plateaux télévisés pour expliquer que, « sans discuter une décision de justice » (bien entendu) le processus judiciaire aboutissant à la condamnation a été défaillant. En lisant entre les lignes, ils disent que Colonna est innocent du crime et que la justice a instrumentalisé une vengeance d’Etat.

Lire aussi : https://rehve.fr/2022/03/la-corse-en-feu-de-nouveau/
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Il semble qu’il y avait tout de même quelques indices à charge aboutissant à la culpabilité de l’impétrant mais on ne peut rien exclure, y compris une erreur judiciaire. Peut-être un véritable coupable est-il encore dans le maquis ?

Quoi qu’il en soit, et avant même de mourir, Colonna est devenu un véritable héros corse ce qui est symbolique de la volonté de ce territoire de se détacher de la France. Il faut donc aller soit vers l’indépendance complète de la Corse, ce qui serait la meilleure solution pour tous, soit vers une autonomie qui équivaut à l’indépendance mais en conservant les financements français en faveur de la Corse.

La langue française en Corse

En attendant l’indépendance de la Corse et donc l’érection de la langue corse en langue nationale, un mystère linguistique de ce territoire mériterait d’être élucidé. Les personnes d’origine corse ne prononcent pas la dernière lettre des patronymes qui est traitée comme un « e » muet.

On ne dit pas Yvan Colonna mais Yvan Colônne, on ne dit pas Jean-Guy Talamoni mais Jean-Guy Talamône, on ne dit pas Gilles Siméoni mais Gilles Siméône, et ainsi de suite. On ne connaît pas la raison qui empêche le prononcé de la voyelle finale des patronymes mais cela donne un côté chantant au parlé corse quand il est prononcé en français.

Il ne s’agit pas bien entendu de se rendre coupable de glottophobie mais on note cette spécificité locale : on ne prononce pas en Corse les voyelles situées en fin de patronyme lorsque l’on parle en français.

Lire aussi : Un pas dans la bonne direction pour la Corse – Hit the road Jack… (rehve.fr)
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Un pas dans la bonne direction pour la Corse

Le ministre de l’intérieur se rend en Corse aujourd’hui pour tenter de calmer la tempête déclenchée par l’agression en prison d’Yvan Colonna et a déclaré que le gouvernement est « prêt à aller jusqu’à l’autonomie [de l’Ile] ». C’est bien et c’est un bon objectif mais il est encore insuffisant puisque l’aboutissement doit évidemment être une indépendance totale de cette île dont le rattachement à la France est une source continuelle de coûts et de problèmes pour le continent, d’insatisfaction pour les Corses eux-mêmes, depuis qu’elle a été conquise par la force en 1769 par le Royaume de France.

Lire aussi : La Corse en feu… de nouveau
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L’autonomie c’est en fait l’indépendance mais avec la pension alimentaire puisque la Corse ne demande pas l’autonomie financière semble-t-il. Il n’y a plus d’espoir aujourd’hui que la Corse puisse un jour être compatible avec la République française il faut donc évoluer, « quoi qu’il en coûte ».

Le risque est que ce qui sera obtenu par la Corse ne soit ensuite demandé par la Bretagne, le Pays basque ou par d’autres, mais devant le refus de la Corse de s’assimiler aux règles de la République et l’impossibilité pour l’Etat de réduire cette contestation permanente, il faudra bien prendre ce risque, céder aux exigences corses pour l’accompagner doucement vers une souveraineté apaisée et financée.

La Corse en feu… de nouveau

Le militant indépendantiste Yvan Colonna a été reconnu comme Le militant indépendantiste Yvan Colonna a été reconnu comme ayant été le tireur qui a assassiné le préfet de Corse Erignac en 1998 (de trois balles tirées dans le dos). Il a été condamné à la prison à perpétuité lors de trois procès successifs. Il avait été dénoncé par d’autres nationalistes corses comme étant celui qui tenait l’arme mortelle, certains d’entre eux étant d’ailleurs revenus sur leur dénonciation. L’intéressé a toujours contesté être l’assassin.

Colonna et ses deux complices purgeaient donc leurs peines dans des prisons françaises avec le statut de « DPS – détenu particulièrement signalé » qui empêchait qu’ils soient transférés dans une prison corse pour effectuer la fin de celles-ci. A plusieurs reprises les avocats des détenus ont demandé la levée de ce statut DPS et leur transfert dans une prison corse pour se rapprocher de leurs familles et faciliter leurs visites. A chaque fois l’administration de la Justice a refusé et les nationalistes locaux ont crié à « la vengeance d’Etat ». Ils n’ont pas tout à fait tort et il y a sans doute un peu de ça tant le crime d’assassinat d’un préfet par un indépendantiste corse avait marqué la République.

Il n’y a pas d’automaticité, ni dans l’inscription ni dans la radiation d’un détenu au répertoire des DPS. Une circulaire de 2007 régit les conditions de décision d’inscription/radiation au fichier DPS prise par l’administration sur avis d’une commission synthétisé par le procureur. En gros, un détenu peut être sorti de la liste si : 

« Les détenus qui ont été inscrits au répertoire des DPS doivent être radiés lorsque les raisons qui avaient motivé leur inscription ont disparu. »

https://rehve.fr/wp-content/uploads/GOVFR_Circulaite-DPS-2007.pdf

A priori, Colonna et ses deux complices ne sont pas rentrés dans cette catégorie puisque l’administration s’est systématiquement opposée à la radiation des trois condamnés corses du fichier DPS. Bien malheureusement pour le premier qui a été agressé ce 2 mars par un détenu djihadiste qui l’a laissé moribond. Il est depuis à l’hôpital toujours dans le coma, entre la vie et la mort. L’agresseur détient une double nationalité franco-camerounaise, a été arrêté par l’armée américaine en Afghanistan en 2012 et remis aux autorités françaises en 2014. Il a alors été condamné à neuf ans de prison. Il a expliqué son geste contre Colonna parce que celui-ci aurait « insulté Dieu ». On n’en sait pas plus sinon que Yvan Colonna était plutôt qualifié de détenu « modèle » ce dernières années et que la présence de ces deux individus laissés seuls sans surveillance dans une salle de sport est inexplicable. Il aurait fallu 8 minutes avant que des gardiens les séparent. Le tout a été filmé par des caméras de surveillance et une enquête pour tentative d’assassinat est en cours.

Depuis cette regrettable agression la Corse est dans la rue pour manifester sa colère à coup d’assaut contre les bâtiments publics qui sont incendiés et saccagés, les forces de l’ordre sévèrement attaquées par les manifestants. Les émeutes sont d’une rare intensité et risquent encore de s’aggraver si jamais Colonna ne s’en sortait pas. Il y a de nombreux blessés et les slogans habituels contre « l’Etat français assassin » (« Statu francese assassinu » en langue locale), les « Français de merde ! » et autres assimilations de la France au groupe Etat islamique.

Dans un communiqué, le président « autonomiste » de la collectivité de Corse appelle, notamment, à :

« Ouvrir un cycle politique nouveau dans les rapports entre l’Etat et la Corse. »

https://rehve.fr/wp-content/uploads/Corse_20220310_Communique-Simeoni.jpg

Il a raison. Si cette agression contre le militant indépendantiste Colonna dans une prison d’Etat française est évidemment regrettable, il faut en tout état de cause ouvrir le cycle politique de la décolonisation de la Corse pour accompagner ce territoire vers sa pleine souveraineté de façon apaisée et volontaire, « quoi qu’il en coûte ». C’est la seule solution pour sauver les vies des préfets et des indépendantistes.

La Guadeloupe continue à tirer sur les forces de l’ordre

Les émeutiers guadeloupéens continuent à tirer avec des armes à feu contre les forces de l’ordre. Un gendarme a été blessé hier d’un coup de fusil dans le genou. En parallèle les blocages de routes, pillages de commerces et dévastation de bâtiments se poursuivent pour manifester le refus de l’île des mesures de contraintes sanitaires.

Le procureur de la République en Guadeloupe a déclaré que ces émeutes étaient « parfaitement planifiées et organisées ». Un fonctionnaire de la police locale est accusé d’avoir participé à l’organisation des émeutes. Il vient d’être placé sous mandat de dépôt.

Les émeutiers des DOM-TOM sont armés et hésitent de moins en moins à s’en servir. C’est une spécificité de ces confettis de l’Empire qui en dit long sur leur rejet de tout ce qui vient de la métropole. Les syndicats s’associent avec enthousiasme à la contestation :

Depuis le 17 juillet 2021, 10 Organisations Syndicales, des Associations et Mouvman Kiltirèl, des structures politiques réunies au sein du Collectif contre le pass-sanitaire, contre l’obligation vaccinale, pour la défense des droits et libertés fondamentales se battent pour informer, expliquer et convaincre l’opinion guadeloupéenne de l’iniquité de la loi du 5 août 2021. Nous avons ainsi fait savoir aux autorités de Guadeloupe et gouvernementales que nous considérons que cette loi est inapplicable en Guadeloupe. Jusqu’à aujourd’hui, ni les élus de Guadeloupe, ni le gouvernement n’ont daigné porter la moindre considération aux revendications du Collectif en lutte, alors qu’ils s’inspirent de notre programme de revendications afin de mettre en œuvre des mesures immédiates, notoirement insuffisantes, afin de calmer la colère de la jeunesse. Et, toujours la même réponse du pouvoir colonial : la répression…

http://ugtg.org/spip.php?article2630

Il faut effectivement libérer la Guadeloupe de l’oppression et entamer un processus de décolonisation au plus vite sur le modèle de celui encours en Nouvelle Calédonie !

Les facilités accordées à l’immigration des citoyens algériens en France

La proximité des élections présidentielles françaises en avril 2022 relance les débats sur l’immigration en France de personnes issues d’un certain nombre de pays tiers, dont l’Algérie.

Les accords de cessez-le-feu en Algérie du 18/03/1962

Il est régulièrement fait référence aux accords de cessez-le-feu de 1962 dits « d’Evian » comme ayant octroyé un statut spécifique à l’immigration algérienne, hors du droit commun. Une relecture rapide de ces accords, qui comportent onze articles et des déclarations annexes permet de relever la mention suivante dans le chapitre « Déclaration de garantie », 1ère partie, 2ème paragraphe :

Sauf décision de justice, tout Algérien muni d’une carte d’identité est libre de circuler entre l’Algérie et la France. Les Algériens sortant du territoire algérien dans l’intention de s’établir dans un autre pays pourront transporter leurs biens mobiliers hors d’Algérie. Ils pourront liquider sans restrictions leurs biens immobiliers et transférer les capitaux provenant de cette opération dans les conditions prévues par la Déclaration de principes relative à la coopération économique et financière. Leurs droits à pension seront respectés dans les conditions prévues dans cette même déclaration.

Un statut similaire est également prévu pour les Français résidant en Algérie en qualité d’étrangers, 3ème partie, 1er paragraphe :

Les ressortissants français pourront entrer en Algérie et en sortir sous le couvert, soit de leur carte d’identité nationale française, soit d’un passeport français en cours de validité. Ils pourront circuler librement en Algérie et fixer leur résidence au lieu de leur choix. Les ressortissants français résidant en Algérie, qui sortiront du territoire algérien en vue de s’établir dans un autre pays, pourront transporter leurs biens mobiliers, liquider leurs biens immobiliers, transférer leurs capitaux, dans les conditions prévues au titre III de la Déclaration de principes relative à la coopération économique et financière et conserver le bénéfice des droits à pension acquis en Algérie, dans les conditions qui sont prévues dans la Déclaration de principes relative à la coopération économique et financière.

Mais la complication extrême de ces accords fut de régir le statut des Français « pieds noirs » résidant en Algérie avant mars 1962, qu’ils souhaitent rester sur place (une minorité) ou s’exiler (la grande majorité).

En outre, des articles stipulent également l’établissement d’une amnistie pour tous (qui ne fut pas respectée pour les « harkis » qui n’ont pas pu embarquer pour la France et dont beaucoup ont été exécutés), d’une coopération économique et culturelle, la location par la France du port militaire de Mers-el-Kébir pour quinze années, le maintien d’une préférence accordée à la France pour l’exploitation pétrolière dans le Sahara. On sait maintenant qu’existait aussi un protocole annexe secret pour la poursuite des essais nucléaires français dans ce même Sahara.

Le pouvoir des vainqueurs, mais pas toujours…

Nombre de ces engagements n’ont pas été respectés par les parties, chacun devait d’ailleurs le savoir en signant les accords, mais il s’agissait de sortir impérativement du bourbier de cette guerre coloniale. Le Traité de Versailles mettant fin à la première guerre mondiale, les Accords de Paris signés entre le Vietnam et les Etats-Unis d’Amérique, ne l’ont pas plus été. Dans ces contextes de fin de guerre, bien entendu, le vainqueur militaire a bien plus tendance que le vaincu à prendre des libertés avec les engagements qu’il a signés, mais dans le cas du Traité de Versailles c’est pourtant le vaincu qui a violé les accords…

Dans une situation plus pacifique et récente, on voit que le Royaume-Uni n’aura pas mis plus de quelques mois à refuser d’appliquer le volet irlandais des accords de sortie de l’Union européenne qu’il avait pourtant signés peu auparavant.

Ainsi va la vie dans le monde des traités internationaux !

Le décret français de 1969 relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leurs familles 

Pris six années après la fin de la guerre d’Algérie, un décret du 18/03/1969 signé de MonGénéral, du premier ministre Maurice Couve de Murville et de son ministre des affaires étrangères Michel Debré précise les conditions du statut spécifique accordé aux migrants algériens en France.

Ce texte relatif à « la circulation, à l’emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leurs familles » institue un contingent pluriannuel de travailleurs algériens entrant en France « en vue d’y occuper un emploi fixe ». Ils disposent d’une période de neuf mois pour trouver un emploi, période à l’issue de laquelle leur est délivré un titre de séjour (certificat de résidence) renouvelé gratuitement et automatiquement. Le regroupement familial est également autorisé par ce décret. Les détenteurs de titre de séjour sont ensuite dispensés de visas d’entrée en France.

Evidemment, ce texte datant de 1968 a été amendé au cours du temps mais les citoyens algériens continuent à bénéficier à ce jour de conditions dérogatoires, et plus favorables, au droit commun comme le mentionne le site internet du ministère français des affaires étrangères :

L’entrée des Algériens en France est facilitée (condition d’entrée régulière, et non de visa de long séjour, pour la délivrance de certains titres de séjour). ;

Les Algériens bénéficient de la liberté d’établissement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante ;

Les ressortissants algériens peuvent accéder plus rapidement que les ressortissants d’autres États à la délivrance d’un titre de séjour valable 10 ans.

https://www.immigration.interieur.gouv.fr/Europe-et-International/Les-accords-bilateraux/Les-accords-bilateraux-en-matiere-de-circulation-de-sejour-et-d-emploi/L-accord-franco-algerien

Il semble que certains dirigeants français, y compris l’ex-président Sarkozy, aient envisagés de rouvrir la négociation sur ce statut privilégié accordé aux citoyens algériens. Le faire reviendrait à remettre en cause les accords de cessez-le-feu de 1962 et, finalement, personne n’a osé s’y frotter. Eh oui, Alger a aussi des moyens de pression sur Paris et la crise actuelle déclenchée, entre autres, par la liaison faite entre la délivrance de visas (ne pas confondre visa et titre de séjour) et la bonne volonté des pays d’origine à réadmettre leurs ressortissants en situation illégale en France est là pour le rappeler.

Nous verrons sous peu si le prochain pouvoir français issu des élections d’avril 2022, s’il était issu de la « droite dure et décomplexée » osera s’attaquer à ce statut mais il est plus probable que personne ne le fera, préférant laisser le sujet sous le tapis tant il y a de coups à prendre à le sortir de l’oubli. D’ailleurs aucun des candidats ne parle vraiment des accords d’Evian, au-delà des slogans de circonstance sur le « 0 immigration ».

Ce qui ne manque pas d’ironie c’est que l’immigration algérienne est aussi l’un des produits de la guerre coloniale perdue par la France. Il a bien fallu consentir des faveurs pour mettre fin « aux évènements » comme on disait à l’époque. Outre le droit à l’autodétermination accordé en 1962 au « département français » qu’était l’Algérie, les négociateurs français, sous l’autorité de MonGénéral, ont facilité l’accès des ressortissants du pays vainqueur au territoire du pays vaincu ! L’histoire ne dit pas si la demande en avait été faîte par la partie algérienne, mais c’est probable, ce qui accentuerait encore le paradoxe de la situation : le vainqueur veut continuer à pouvoir accéder librement au pays qu’il a défait.

La relecture des accords « d’Evian » permet de penser qu’ils constitueraient un excellent modèle de négociation pour un accord d’accès à d’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, évidemment sans le volet « cessez-le-feu » puisque la France n’est pas à proprement parlé en guerre avec Nouméa, mais tous les autres chapitres seraient quasiment duplicables en l’état pour une relation future entre la France et une Nouvelle-Calédonie indépendante.

Mayotte : 101ème département français à la dérive

1974 : indépendance des Comores, auparavant territoire français, mais partition de Mayotte qui décide de rester française, option rendue possible grâce à une manipulation juridique du référendum d’indépendance.

2010, pour des motifs restés mystérieux à ce jour, la République française propos à la collectivité territoriale de Mayotte, dotée d’une autonomie administrative et financière, de devenir département français avec tous les droits et devoirs d’un département français. Le résultat fut bien entendu pour la départementalisation à plus de 95%.

Depuis c’est un désastre à tous égards : des milliers de morts migrants comoriens cherchant à rallier « la France » sur des canots de fortune (les kwassa-kwassa) dans le canal du Mozambique, une immigration hors de contrôle sur l’île, une violence démesurée, une pauvreté endémique, une croissance démographique exponentielle, une faillite financière et, toujours, la demande de l’Organisation des Nations-Unis à la France d’entamer le processus de décolonisation de Mayotte avec les Comores.

2022 : dernier avatar de cette Bérézina socio-institutionnelle, le conseil départemental mahorais vient de rejeter à l’unanimité un projet de loi qui devait marquer le 10ème anniversaire de la départementalisation. Ce projet prévoyait différents chapitres : I – la lutte contre l’immigration irrégulière, II – la convergence des droits sociaux, III – un programme d’investissements nécessaire au développement du territoire. Tout ceci a été repoussé par les élus locaux sur le thème : pas assez de sous !

Il n’y aura donc pas de loi du Xème anniversaire à court terme et la chute va continuer.

La Guadeloupe toujours à la pointe de son combat contre la politique sanitaire de « l’Etat colonial »

La violence perdure en Guadeloupe où les syndicats anti-passe, antivaccin, en réalité, antitout ce qui vient de la métropole, exceptés les transferts financiers, après avoir occupé le Conseil régional fin décembre, continue à manifester, bloquer, brûler et soutenir mordicus les personnels de santé refusant d’appliquer la loi nationale leur imposant de se faire vacciner contre la Covid-19. Dans le même temps, le département est sévèrement touché par la pandémie compte tenu, notamment, du faible taux moyen de vaccination de la population. L’application de cette loi nationale dont ils exigent l’annulation pour la Guadeloupe a d’ailleurs été reportée pour les DOM au 31 décembre contre le 15 septembre dans le reste du pays. Cela veut dire que les contrats de travails des personnels de santé récalcitrants n’ont pas été suspendus, sans salaire, comme en métropole. Mais le 31 décembre étant maintenant passé, la lutte continue !

Appel UGTG à manifester le 08/02/2022

Pour fêter la nouvelle année, les manifestants ont assiégé le centre hospitalier-universitaire de Pointe-à-Pitre ce 4 janvier et séquestré le directeur et son adjoint, qui reçoivent régulièrement des menaces de mort et ont dû être exfiltrés par la police sous les huées, et les coups et jets d’urine des manifestants. Des suites judiciaires sont en cours. Une nouvelle manifestation est programmée ce samedi, en plus des blocages et dégradations permanents. Les contestataires savent qu’ils ont toutes les chances d’obtenir satisfaction tant leur capacité de nuisance est notable et la mollesse de l’Etat est incitatrice.

La solution pour un futur apaisé s’appelle toujours l’indépendance avec pension alimentaire !

Lire aussi : https://rehve.fr/2021/11/la-guadeloupe-en-feu-encore/

Que faire avec la Nouvelle-Calédonie ?

Libérez la Nouvelle-Calédonie

Alors que les résultats du 3ème référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie ont marqué un total succès pour la dépendance, les caciques indépendantistes marquent leur terrain. Ayant appelé à la « non-participation » au référendum, ils refusent d’en reconnaître le résultat et, par ailleurs, refusent de négocier le futur avec l’actuel gouvernement central qui ne sera probablement plus le même après l’élection présidentielle d’avril 2022. En revanche les partis indépendantistes acceptent immédiatement les transferts budgétaires et garanties de l’Etat pour financer les déficits significatifs des institutions locales, percutées par la crise sanitaire et économique.

On est là au cœur de l’inextricable contradiction de la décolonisation des territoires ultra-marins. Les dirigeants indépendantistes calédoniens auraient bien tort d’en sortir puisqu’ils obtiendront satisfaction à toutes leurs nouvelles requêtes. C’est exactement ce qui est en train de se passer.

Une belle occasion manquée pour la Nouvelle-Calédonie !

Les résultats du troisième et dernier référendum organisé dans le cadre des accords dits « de Nouméa » s’achève ce soir sur une lourde défaite du camp indépendantiste : le non à l’indépendance l’emporte à plus de 96%, largement aidé par l’appel au boycott lancé par les partis mélanésiens, ou, plus exactement, à la « non-participation », subtilité sémantique avancée par Roch Wamytan, président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, qui vient d’ailleurs d’annoncer qu’il ne reconnaîtra pas les résultats de ce référendum.

On se retrouve au point de départ des accords dits « de Matignon » signés en 1988, il y a près de 35 ans ! Et nous allons probablement repartir pour des décennies de discussions oiseuses, éventuellement de nouvelles violences et, surtout, des coûts à prendre en charge par les contribuables français. Alors que la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie était la mieux engagée de celle de tous les confettis de l’Empire, qu’elle avait été initiée via un processus apaisé, consensuel et intelligent, les indépendantistes, mis au pied du mur, reculent une nouvelle fois et la métropole ne sait plus comment faire pour rendre ces territoires à leur souveraineté.

Les dirigeants kanaks avaient les cartes en main pour atteindre leur objectif de l’indépendance mais ils ont reculé devant l’obstacle. Comme les Québécois en 1980 et en 1995, ou les Ecossais en 2014, l’option de l’indépendance a finalement effrayé les partis indépendantistes et leurs électeurs. Il n’est pas facile de quitter le confort douillet offert par une vieille nation démocratique au sein de laquelle on peut critiquer tranquillement tout en étant assuré d’être protégé et financé. Dans l’histoire contemporaine, seule la sécession du Soudan du sud est un exemple d’un peuple qui a eu le courage de s’émanciper, mais il faut dire que son rattachement au Soudan ne lui apportait pas vraiment ni protection, ni financement, mais plutôt génocide et pillage de ses ressources…

La question de la décolonisation des territoires « ultra-marins » reste posée : comment faire pour se « débarrasser » en douceur des dernières colonies françaises ? Combien de temps encore la France devra-t-elle boire la lie du calice pour avoir été puissance colonisatrice ? Sans doute pour des générations, hélas !

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Nouvelle-Calédonie : dernière étape avant la décolonisation ?

Alors que les médias français épuisent leurs auditeurs à commenter les sondages de la campagne électorale présidentielle française, ils sont en train de passer à côté d’une étape majeure dans la poursuite de l’émancipation des dernières colonies françaises. Dimanche prochain aura lieu le troisième référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie dont la question est a priori la même que pour les deux premiers :

« Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? »

La partie kanake avait souhaité que cette troisième étape soit reportée compte tenu de la crise sanitaire et afin de ne pas interférer avec la campagne présidentielle. Cette demande ayant été repoussée, ce troisième référendum maintenu au 12 décembre, les Kanaks ont décidé de boycotter le scrutin rendant ainsi plutôt improbable la victoire de l’option « indépendance ».

C’est une mauvaise nouvelle pour ce territoire comme pour l’ensemble de la communauté française car indépendance il y aura un jour, et plus on attend plus celle-ci se déroulera dans la douleur. On peut craindre que le boycott Kanak soit opportuniste devant la difficulté prévisible que le « oui » l’emporte. Une nouvelle fois la France est confrontée à son dilemme de puissance coloniale du XXIème siècle : comment rendre leur souveraineté à des territoires qui montrent dans leurs comportements de tous les jours qu’ils la souhaitent mais qui n’ont pas le courage de demander le divorce, même avec « pension alimentaire » ? Le processus calédonien avait pourtant été conçu de façon intelligente, participative et apaisée depuis les accords dits « de Matignon » en 1988 suivis des accords dit « de Nouméa » en 1998, mais, comme souvent, au moment du grand saut, les partisans de l’indépendante risquent de reculer.

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Pourtant il va bien falloir trouver une solution et, dans le cas de la Nouvelle-Calédonie, rendre sa souveraineté à ce pays. Si l’issue du scrutin de dimanche prochain est le « non » nous allons repartir dans un nouveau processus de décolonisation qui va encore durer des décennies. Peut-être faudrait-il revoir la composition du corps électoral de façon à s’assurer que les indépendantistes y soient majoritaires ? Ou que la France prenne officiellement partie pour le retour à la souveraineté de la Nouvelle-Calédonie ? Tout ceci est délicat et annonciateur d’ennuis et de dépenses inutiles pour encore de très longues années, d’autant plus que les autres territoires « extra-marins » français s’enferrent dans les mêmes contradictions…

A moins d’une bonne surprise ce 12 décembre à Nouméa ?

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Les DOM cassent tout

Toujours à l’affut d’un sujet pour contester la métropole, les départements d’outre-mer français s’enflamment depuis quelques jours contre l’obligation faîte au personnel soignant, aux pompiers et à quelques autres corps de métiers en contact avec le public d’être vaccinés contre la Covid.

Les émeutes et les grèves générales se multiplient en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane et même à Tahiti. Aux Antilles, malgré un couvre-feu en vigueur, les nuits sont violentes, bâtiments en flamme, barrages routiers, racket des automobilistes, blocage d’accès aux hôpitaux, abattages d’arbres sur les routes, pillages de magasins, voitures béliers écrasant les gendarmes, tir d’armes à feu contre les forces de l’ordre, etc.

Nous l’avons dit précédemment, ce conflit devrait se résoudre comme les précédents avec le retrait des mesures nationales ne « plaisant » pas aux syndicats des DOM et des enveloppes budgétaires revues en hausse à distribuer pour calmer les esprits. D’ailleurs le gouvernement a annoncé cette nuit le report de l’obligation vaccinale au 31 décembre.

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Plus original, le ministre des DOM-TOM actuellement en visite dans ces territoires a annoncé que « le gouvernement est prêt à parler d’autonomie ». Il semble que cette déclaration plutôt novatrice ait été provoquée par des demandes d’élus guadeloupéens pour plus de décision locale. C’est une bonne nouvelle qu’il reste maintenant à mettre en œuvre. Ce sera à l’évidence un processus long, et couteux pour les contribuables, mais nécessaire pour enfin responsabiliser ces confettis de l’Empire qui méritent leur indépendance ou, à tout le moins, une forte autonomie comme celle instituée en Nouvelle-Calédonie, étape incontournable avant le grand saut vers l’indépendance.

Si l’on en juge par les textes syndicaux publiés notamment par l’UGTG on mesure que les négociations ne vont pas être faciles. On ignore actuellement la position de l’UGTG sur les évacuations de malades sur la métropole ou les renforts médicaux envoyés par Paris lors des derniers épisodes épidémiques de la Covid.

C’est le prix à payer pour s’être enferrés si longtemps dans ce non-sens statutaire d’avoir donné la position de département français à des iles exotiques et lointaines. Les négociations vont surtout être couteuses pour les contribuables car il va falloir payer pour aplanir les difficultés. Quand on se souvient que la Guadeloupe avait rejeté par référendum en 2003 à 73% l’idée d’un statut de « collectivité administrée par une assemblée unique » pour remplacer celui de département, la Martinique l’avait refusé à 50,5%, on mesure que la route va être longue avant l’indépendance…

On est néanmoins sur la bonne voie, à court terme on cède aux émeutiers et à plus long terme on pose la question de l’autonomie avec les élus.

La Guadeloupe en feu, encore…

La Guadeloupe, jamais en reste de sujets de révolte contre la « France coloniale », s’appuie cette fois-ci sur l’obligation vaccinale imposée au personnel soignant, pour pouvoir travailler dans les hôpitaux, pour mettre l’archipel à feu et à sang. Le syndicat UGTG (Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe) a lancé les hostilités et depuis quelques jours c’est l’arsenal habituel qui est déployé : blocage de routes et d’accès (au centre hospitalier universitaire de Pointe-à-Pitre notamment), barrages divers, émeutes nocturnes, incendies de bâtiments, tirs d’armes à feu contre les forces de l’ordre, etc. afin de s’opposer à « ces soldats de la vaccination forcée, à ces sbires de l’ordre macroniste, à ses Cadres de direction et à ces Médecins défroqués ».

Le préfet local impose un couvre-feu nocturne, le gouvernement parisien envoie des forces de l’ordre, y compris le RAID et le GIGN utilisés d’habitude pour les actions contre le terrorisme, le grand banditisme ou les actes de folie individuelle, la « dignité du peuple guadeloupéen » est mise à rude épreuve et les réactions outrées se multiplient. Si la routine habituelle en ces circonstances s’applique une nouvelle fois, la violence devrait perdurer encore quelques jours puis un accord dérogatoire sera consenti aux émeutiers, quelques enveloppes seront distribuées et le contribuable sera mis à contribution pour financer ces enveloppes et réparer les dégâts provoqués par les émeutes.

Lire aussi : Les DOM-TOM à la pointe du combat contre les vaccins – Hit the road Jack… (rehve.fr)

Plus que les autres confettis de l’empire la Guadeloupe est coutumière de ces flambées de violence et le phénomène ne s’arrêta qu’avec l’indépendance de ce territoire. Hélas, cette échéance, souhaitable pour tous, mais pas forcément souhaitée par l’ensemble des parties, semble s’éloigner alors que la Nouvelle-Calédonie pour laquelle un vrai processus de décolonisation est en route, a l’air de reculer devant l’obstacle du prochain référendum prévu en décembre prochain.

La souveraineté rendue à ces confettis sera l’unique solution pour réussir à rendre à ces territoires le sens de leurs responsabilités et retrouver leur « dignité perdue ». Nous y viendrons un jour tant le statut actuel est inefficace et générateur de frustrations. Le plus tôt serait le mieux.

Lire aussi : Des intellectuels appellent à la poétique dans les DOM-TOM : vaste tâche ! – Hit the road Jack… (rehve.fr)

AU NOM DE LA LOI DE LA REPUBLIQUE !

Ils n’ont que cette expression à la bouche. Au nom de la loi de la république ! C’est donc en vertu de cet adage, qu’ils ont décidé de nous punir. De nous punir d’avoir osé braver le maître, d’avoir osé nous dresser pour dire notre inquiétude, nos incertitudes, nos doutes et DIRE NON, AN PA DAKÒ !

Ce sont les mêmes qui ont indemnisé les esclavagistes en 1849, pérennisant le racisme et la discrimination pour l’éternité, … AU NOM DE LA LOI DE LA REPUBLIQUE !

Ce sont les mêmes qui ont tué au total plus d’une centaine de Guadeloupéens en 1910, en 1925, en 1930, en 1952, en 1967, en 1985, … sans jamais qu’un militaire français ne soit condamné, … AU NOM DE LA LOI DE LA REPUBLIQUE !

Ce sont les mêmes qui ont volontairement empoisonné la Population Guadeloupéenne au chlordécone et qui, aujourd’hui, osent nous parler de « responsabilité partagée dans le cadre d’un aveuglement collectif »,… AU NOM DE LA LOI DE LA REPUBLIQUE !

Ce sont les mêmes qui maintiennent notre Pays et note Peuple dans un sous-développement latent, sous la domination des descendants d’esclavagistes pour mieux nous asservir, pour mieux nous domestiquer, …

AU NOM DE LA LOI DE LA REPUBLIQUE !

Extrait d’une publication de l’UGTG du 26/10/2021