L’éternel syndrome des citoyens d’anciennes colonies françaises

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Alors que la situation de l’Île de Mayotte dans l’archipel des Comores ne cesse de se dégrader, sans solution viable en vue autre que sa rétrocession aux Comores, le journal Le Monde nous informe que le ministre des affaires étrangères comoriens et son épouse bénéficient de la nationalité française. Cette dernière résiderait à La Réunion où le couple serait impliqué dans une fraude aux prestations sociales.

Evidemment cela ne manque pas de sel alors que ledit ministre était encore récemment à Paris au sein d’une délégation officielle comorienne dans le cadre des relations bilatérales entre les deux pays. Il apparaît que d’autres ministres comoriens de l’actuel gouvernement bénéficient également de la nationalité française. Alors que les Comores revendiquent légitimement le retour de Mayotte dans leur giron, on imagine le conflit d’intérêt existant lorsque lesdits ministres s’assoient au Quai d’Orsay devant leurs homologues français quand le site web du ministère français publie un extrait de son point de presse du 02/05/2023 :

Les mises en cause du ministère des Affaires étrangères n’ont pas lieu d’être. Il y a une seule position du gouvernement, tous ministères confondus : Mayotte est un territoire de la République française, par le choix des mahorais d’être et de demeurer français. Nous défendons ce choix dans les enceintes régionales et internationales, comme dans notre dialogue avec les Comores.

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/comores/evenements/article/comores-q-r-extrait-du-point-de-presse-02-05-23

Au-delà de la situation judiciaire du ministre franco-comoriens et de sa femme résidant à La Réunion, finalement de peu d’intérêt, et alors que le débat fait rage en France sur l’immigration illégale comorienne à Mayotte, il est étonnant que personne sur les plateaux télévisés mondains n’ose aborder l’hypothèse d’une ouverture de négociations avec les Comores sur la rétrocession de Mayotte qui est demandée à la France par l’assemblée générale des Nations Unies. On imagine aisément le tonnerre de polémique qui serait déclenché par un tel débat mais au fond d’eux-mêmes, la majorité des débatteurs savent bien qu’il n’y a aucun espoir que les choses s’arrangent tant l’attrait de la richesse et de du système social de Mayotte aimante les Comoriens, dont même le ministre des affaires étrangères bénéficie des prestations…

La France se berce de l’illusion de sa puissance en détenant ce confetti qui lui octroie un domaine maritime dans le canal du Mozambique. Ce confetti de l’empire n’est qu’une source d’ennuis pour la métropole, une aberration juridique issue de la décolonisation du XXème siècle, à l’origine d’une montagne de frustrations : à Mayotte où les Français y résidant s’estiment oubliés par Paris et aux Comores où les autorités nationales s’estiment spoliés par l’ancienne puissance coloniale qui a conservé sous sa souveraineté une partie de l’archipel comoriens sur lequel elle n’avait aucun droit.

Pour la France qui a globalement échoué dans son processus de décolonisation, le syndrome post-colonial génère aujourd’hui toujours de sérieux effets négatifs, en Algérie, au Mali, aux Comores…

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