« Un village » exposition Madeleine de Sinéty au Centre d’Art GwinZegal de Guingamp

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Merveilleuse exposition de photo au centre d’art GwinZegal aménagé dans l’ancienne prison de Guingamp : Madeleine de Sinéty (1934-2011), photographe, est passée par hasard en 1974 dans le petit village breton de Poilley. Elle fut tellement séduite par ce lieu et ses habitants qui l’adoptèrent rapidement qu’elle s’y installa durant dix années et pris plus de 60 000 photos de la vie de ce bourg rural, resté un peu à l’écart de la modernité. Elle a ainsi marqué sur la pellicule une époque révolue dont les derniers contemporains, qui étaient alors des enfants, disparaissent progressivement.

Ce fonds photographique n’a jamais été trié par Madeleine avant sa disparition, et à peine montré. Ce n’est qu’en 2020 que son fils et le centre d’art GwinZegal décidèrent de monter cette exposition en extrayant environ 200 photos de cette masse dont le volume avait déjà diminué d’environ 30% par suite d’un dégât des eaux dans le lieu où elle était stockée.

Les photos exposées débordent de l’empathie et la tendresse que leur auteure éprouve à l’égard des habitants de Poilley dans tous les évènements de leur rude vie de paysans bretons. On y voit les récoltes, les cochons que l’on tue, les chevaux de trait à une époque où le tracteur était rare, les matchs de football, les crêpes qu’on lance au-dessus de la poêle, les mariages, les bals, les intérieurs très modestes que l’on imagine sans eau courante ni sanitaires, les enterrements, et il y a surtout les habitants, jeunes et moins jeunes, des gamins malicieux sur une remorque pleine de pommes, des vieux à casquettes, des femmes âgées en sabots. La bouteille de cidre ou de rouge n’est jamais loin ni l’alambic tracté passant dans le village pour fabriquer « la goutte ».

Dans une des « cellule » de la prison, une vidéo récente montre les interviews de villageois, qui étaient des gamins lorsque la photographe habitait Poilley, racontant comment elle travaillait et, surtout, combien elle avait été complètement intégrée à la vie du bourg.

Bref, une tranche de vie douce et émouvante sur la rude vie d’un petit village breton à l’intérieur des terres, avant qu’il ne soit saisi par la modernité. Le catalogue de l’exposition contient des extraits du journal tenu par Madeleine de Sinéty qui fit œuvre d’ethnologie derrière son appareil comme devant sa feuille blanche.

Le visiteur découvre à cette occasion le projet astucieux de reconversion de la prison de Guingamp en lieu culturel : https://gwinzegal.com/actualites.